Restrictions imposées à l’utilisation du prosulfocarbe, le deuxième herbicide le plus vendu en France

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L'Anses a pris des mesures immédiates pour limiter l'utilisation du prosulfocarbe, le deuxième herbicide le plus vendu en France, en raison de sa volatilité croissante. L'agence n'exclut pas la possibilité de dépassement des seuils de sécurité pour les enfants dans certaines situations.

Par Muryel Jacque

Il est peu connu, contrairement au glyphosate qui est largement médiatisé, mais le prosulfocarbe pourrait susciter de sérieuses polémiques. En seulement quelques années, il est devenu le deuxième herbicide le plus utilisé en France, avec 6 500 tonnes vendues en 2021.

Suite à une nouvelle analyse des dangers pour la santé des individus, en particulier ceux qui vivent près des zones agricoles, l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) a déclaré aujourd'hui qu'elle renforcerait de manière sans précédent les conditions d'utilisation des produits agricoles par les agriculteurs.

Dommage économique

En juillet 2022, l'association Atmo a mesuré des niveaux de concentration extrêmement élevés dans l'air de la grande plaine céréalière d'Aunis, située près de La Rochelle. En conséquence, certains élus ont demandé un arrêt temporaire de son utilisation, ce qui a conduit le ministère de l'Agriculture à consulter des experts afin d'obtenir un avis scientifique.

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Avant cela, l'Agence avait été informée d'un autre cas : la détection de restes de ce pesticide très volatil utilisé pour traiter les cultures de blé, d'orge, de pommes de terre ou de carottes, dans des cultures voisines qui n'étaient pas censées en être affectées, telles que les pommiers ou le sarrasin. Les producteurs biologiques s'étaient particulièrement inquiétés après avoir constaté la contamination de leurs récoltes, et certains agriculteurs avaient même subi des pertes totales.

Selon les experts de l'Anses, il n'y a aucun risque pour la santé lié à la consommation de ces récoltes. Cependant, ils mettent en évidence que le principal dommage concerne l'aspect économique.

Cependant, elle ne peut pas rejeter la possibilité que les enfants se trouvant à moins de 10 mètres de la culture soient exposés à des niveaux dangereux de produits chimiques par voie cutanée lors des traitements. Selon l'association Générations Futures, ces enfants pourraient être exposés à des doses jusqu'à cinq fois supérieures aux valeurs de référence en matière de toxicologie, ce qui est très préoccupant. L'association se demande pourquoi ce risque n'a pas été identifié plus tôt.

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Le prosulfocarbe, tout comme le glyphosate, n'est pas considéré comme cancérigène, mutagène ou reprotoxique (CMR). Cependant, il peut provoquer des réactions allergiques sur la peau et présente des risques en cas d'ingestion. L'Anses reconnaît que très peu d'études académiques ont été réalisées sur ses effets sanitaires, car son utilisation relativement récente – elle a connu une croissance importante à partir des années 2010 – limite encore les recherches épidémiologiques.

Afin de garantir la sécurité des habitations, l'agence de sécurité sanitaire a décidé de modifier les conditions d'utilisation du prosulfocarbe. Les doses minimales de ce produit utilisé par hectare devront être réduites d'au moins 40% (et jusqu'à -47%) dès maintenant.

En plus de cela, les agriculteurs devront utiliser un équipement efficace pour limiter au maximum la dispersion du produit en dehors des zones traitées. De plus, ils devront maintenir une distance de sécurité de 10 mètres par rapport aux zones résidentielles (et de 20 mètres en l'absence d'un équipement approprié), au lieu des 5 mètres actuels.

D'ici fin juin 2024, les sociétés qui possèdent des autorisations pour commercialiser l'herbicide devront prouver que les nouvelles conditions d'utilisation réduisent effectivement l'exposition des personnes vivant à proximité. Si aucune preuve convaincante n'est fournie, les autorisations seront immédiatement révoquées, prévient l'agence.

Il est important de souligner que le prosulfocarbe a constitué environ 15 % de toutes les substances actives vendues en France en 2021, à l'exception des produits de biocontrôle ou applicables en bio, d'après l'Inrae. Les ventes ont augmenté d'environ 14 % en 2022.

Muryel Jacque

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