Le rapport publié par France Stratégie aujourd'hui remet en question l'efficacité des politiques publiques pour aider les jeunes. Selon cet organisme, la mobilité sociale reste presque inchangée depuis vingt ans, malgré l'existence de nombreux programmes.
Par Marie-Christine Corbier
Réécrit
Selon un rapport publié par France Stratégie, les politiques publiques visant à favoriser la mobilité sociale des jeunes sont considérées comme ayant des ressources plutôt limitées et des résultats peu satisfaisants.
L'organisme affilié au Premier ministre avait déjà expliqué au début du mois de septembre que les inégalités s'accumulent tout au long de la scolarité des élèves, dès leur plus jeune âge. Cette fois-ci, l'étude se concentre sur un angle plus large. Les auteurs ont calculé le montant des investissements consacrés à la mobilité sociale, qui s'élève à 13 milliards d'euros en 2022. Cela représente 12,5 % des dépenses publiques de l'État destinées aux politiques en faveur de la jeunesse.
Alors que le gouvernement ne cesse de parler de sa volonté de combattre la limitation des opportunités de mobilité sociale, France Stratégie dépeint une intervention de l'Etat qui est fragmentée, avec plus de 50 mesures, dont seulement 15 concentrent 95% des ressources. Les auteurs affirment que l'action publique est dispersée et réactive.
En ce qui concerne le secteur de l'éducation, sur chaque tranche de 100 euros alloués à la promotion de la mobilité sociale des jeunes, 49 euros sont consacrés à l'éducation. Cependant, si l'on exclut les bourses de cette somme, il ne reste que 18 euros pour "améliorer directement les performances et la réussite scolaire". 40 euros sont consacrés à l'insertion professionnelle (par le biais de dispositifs de "deuxième chance") et 11 euros sont alloués à d'autres politiques telles que le passe culture ou le service civique.
Le gouvernement a alloué une somme de 13 milliards d'euros pour financer des programmes visant à favoriser la mobilité sociale des jeunes.
Selon France Stratégie, la mobilité sociale a connu une "quasi-stabilité" au cours des vingt dernières années, ce qui remet en question l'efficacité des politiques publiques. Entre 1983 et 2019, les opportunités de promotion sociale ont augmenté pour tous les jeunes, en particulier dans les années 1990, mais ont tendance à diminuer dans les années 2000. Les rapporteurs soulignent les performances médiocres enregistrées et remettent en cause l'efficacité et l'efficience des politiques visant à stimuler la mobilité sociale. Ils plaident en faveur d'un meilleur suivi des dispositifs existants et d'une approche plus globale des enjeux de mobilité sociale.
On considère que le diplôme joue un rôle crucial dans la promotion sociale, mais les mesures visant à augmenter le niveau de diplôme ne sont pas efficaces pour combattre les inégalités.
Selon les auteurs, il y a des limites à prolonger la durée de la scolarité, surtout lorsque le gouvernement cherche à favoriser une insertion professionnelle plus rapide. Entre 1980 et 2021, la politique visant à augmenter le niveau de diplôme des jeunes a entraîné une diminution de 2,5 millions de personnes actives âgées de 15 à 29 ans. La proportion de ces jeunes parmi l'ensemble des actifs est passée de 37,5 % en 1980 à 27,6 % en 2020, en raison à la fois de la baisse démographique et de la tendance à poursuivre des études.
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Les écrivains énumèrent les différents moyens utilisés par les politiques publiques pour favoriser la mobilité sociale, tels que la réduction des classes à effectifs réduits (2,4 milliards d'euros), les bourses de l'enseignement supérieur (2,5 milliards d'euros), les fonds sociaux des écoles (49,6 millions d'euros) ou encore les cités éducatives (1,5 million d'euros).
Les auteurs de l'étude n'ont pas abordé les politiques visant à améliorer les performances scolaires ou à réduire les inégalités jusqu'à la fin du collège. Selon eux, il est encore trop tôt pour évaluer les effets de ces mesures sur la mobilité sociale. Ces mesures comprennent le dédoublement des classes, l'amélioration de l'accueil des enfants pauvres en crèches et le dispositif "devoirs faits".
Le rapport examine de près plusieurs politiques publiques, telles que les quotas de boursiers établis par la loi de 2018 sur l'orientation et la réussite des étudiants. En réalité, le pourcentage de boursiers dans l'enseignement supérieur n'a pas beaucoup changé, même parmi les boursiers les plus vulnérables des échelons 5, 6 et 7. Les auteurs font état des résultats mitigés de l'introduction des quotas de boursiers dans l'accès aux formations de l'enseignement supérieur. Ils suggèrent plusieurs pistes d'amélioration, comme la façon de calculer les quotas, l'adoption de politiques volontaristes par les établissements ou encore l'anonymisation de l'origine scolaire, mais sans prendre position sur les plus appropriées.
Marie-Christine Corbier est l
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