Gérald Darmanin et le Rassemblement National se confrontent sur les responsabilités après l'attentat qui a eu lieu à Paris. Le ministre de l'Intérieur a déclaré aujourd'hui qu'il y avait eu un échec dans le suivi psychiatrique de l'assaillant et a suggéré la possibilité d'une intervention administrative pour des soins. Jordan Bardella a critiqué une "défaillance politique" et a accusé le gouvernement d'utiliser cela comme un prétexte pour éviter de débattre de l'Islam radical.
Par moi-même, Isabelle Ficek
Le suivi psychiatrique a été jugé défaillant d'un côté, tandis que de l'autre, il y a eu une critique de la politique en place. Les discussions sur l'attaque terroriste qui a eu lieu à Paris le week-end dernier se sont transformées en un affrontement entre le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, et le Rassemblement national. Chacun a essayé de contrer l'autre en proposant des mesures pour prévenir de telles attaques, qui sont considérées comme difficiles à détecter, même par les experts.
Le Rassemblement National (RN) se trouve dans une situation favorable moins de deux mois après la dernière attaque terroriste au couteau à Arras. Ainsi, son président, Jordan Bardella, qui a réagi rapidement ce week-end, a décidé d'organiser une conférence de presse ce lundi. Pendant celle-ci, il a plusieurs fois mentionné l'expression "quand nous serons au pouvoir".
« Incompétent dans la protection des citoyens français »
Le député européen a suggéré la mise en place d'une « détention de sûreté systématique pour les affaires liées au terrorisme ». Son parti a partagé sur X (anciennement Twitter) un tract accusant Gérald Darmanin d'être « incapable de garantir la sécurité des Français ». Et ils promettent, à l'instar des partis populistes : « Si nous sommes au pouvoir, le RN éliminera cette menace. »
Le ministre de l'Intérieur, pour sa part, ne pouvait pas vraiment dire autre chose que d'admettre, comme il l'a exprimé lors de son intervention sur BFMTV ce lundi matin, que « la menace terroriste islamiste est significative » et que nous devons « continuer à faire face à cette menace pendant de nombreux mois voire de nombreuses années ».
Cependant, il est également important de lutter contre le sentiment d'impuissance qui surgit à chaque nouvel acte terroriste. C'est pourquoi le ministre de l'Intérieur a souligné que "chaque jour, nous arrêtons des individus, chaque jour, nous protégeons les citoyens français". Il a également critiqué la "politique du pire du RN" qui ne souhaite pas résoudre les problèmes, mais en fait son carburant. Il a souligné le refus du parti d'extrême droite de voter la loi de 2021 renforçant la surveillance judiciaire des personnes libérées de prison, alors même que le RN prétend que ces personnes représentent une menace.
Ordre administratif
En particulier, le ministre de l'Intérieur a déclaré qu'il y avait eu un échec dans le suivi psychiatrique de l'agresseur. Gérald Darmanin a suggéré d'introduire une ordonnance de soins à la demande du préfet, ce qui nécessiterait une modification de la loi. Cela serait une manière de répondre aux propositions du RN concernant la rétention de sûreté, mais, comme l'explique une personne proche du ministre, cela permettrait d'éviter toute arbitraire car cette ordonnance administrative impliquerait un examen médical.
La proposition a été accueillie de différentes manières. Jordan Bardella a interprété cela comme une excuse pour éviter de débattre de l'extrémisme islamique.
En réponse au terrorisme, l'auteur de "La France Orange mécanique" estime que les autorités publiques ont déjà capitulé.
Des experts en psychiatrie ont critiqué une façon pour les politiciens de se dégager de leurs responsabilités. "Qu'est-ce qui a eu le dessus : l'idéologie djihadiste ou la maladie mentale, qui a également pu être déclenchée ou aggravée par les événements au Moyen-Orient ?" a interrogé Alain Mercuel, psychiatre à l'hôpital Sainte-Anne, à l'AFP. "L'analyse psychiatrique est essentielle, mais il est également nécessaire de la combiner avec une solide compréhension de la dimension idéologique", a également expliqué Hugo Micheron, spécialiste du djihadisme et conférencier à Sciences Po, sur France Inter.
Cependant, le gouvernement ne peut pas permettre que le RN soit libre de critiquer et il est difficile pour le ministre de l'Intérieur de reconnaître, comme l'ancien directeur général de la police nationale Frédéric Péchenard, que certaines de ces attaques sont probablement impossibles à prévenir.
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