Un dispositif prometteur appelé Sésame a été testé pendant trois ans dans les Yvelines. Ce programme repose sur une collaboration étroite entre un médecin généraliste, un infirmier et un psychiatre. Les résultats encourageants suggèrent qu'il pourrait être étendu à l'ensemble de la France à l'avenir.
Par moi, Tifenn Clinkemaillié
Comment faire face à l'augmentation des besoins en matière de santé mentale ? Chaque année en France, un quart de la population est affecté par un trouble psychiatrique tel que la dépression, les troubles anxieux, la schizophrénie ou les troubles bipolaires. Cependant, l'offre de soins en psychiatrie, que ce soit à l'hôpital ou en cabinet privé, est débordée. De plus, les médecins généralistes, qui sont souvent les premiers professionnels consultés en cas de problème de santé mentale (dans 76% des cas), se sentent démunis et peu formés pour faire face à ces situations.
Pour faire face à ces différents défis, l'Institut Montaigne, en partenariat avec le Centre hospitalier de Versailles et l'association Quartet Santé, a lancé il y a trois ans une expérimentation en France pour un nouveau modèle de prise en charge des troubles de santé mentale. Appelé "Sésame" (Soins d'équipe en santé mentale), cette expérience repose sur une idée simple : une collaboration étroite entre le médecin généraliste, l'infirmier et le psychiatre.
Développé aux États-Unis dans les années 1990, le modèle de soins collaboratifs a montré son intérêt pour une collaboration entre les professionnels de santé. Près de 40 000 personnes ont déjà pu en bénéficier outre-Atlantique. En France, plus de 700 patients ont déjà testé Sésame dans quatre cabinets de médecine générale des Yvelines.
En utilisant l'article 51 du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) de 2018, un dispositif de financement spécial a été obtenu, ce qui permet une expansion à grande échelle dans la région Ile-de-France. Au début du mois de novembre, la ville d'Argenteuil a officiellement rejoint le programme. Au total, une douzaine de sites seront bientôt inclus, avant une possible extension à l'ensemble du pays en 2026. Ce modèle est particulièrement soutenu par la Haute Autorité de santé (HAS) et le Haut Conseil pour l'avenir de l'Assurance maladie.
Le suivi des patients est une question cruciale. Sésame a pour objectif principal de soulager les médecins dans leur quotidien et de mieux identifier et suivre les patients en difficulté. Selon Marie-Anne Duval Cattanéo, médecin généraliste à Chevreuse et membre de l'expérimentation, une grande partie de l'activité médicale en ville est consacrée à la prise en charge psychologique. Cependant, ces consultations délicates et leur suivi nécessitent du temps, que les généralistes, de moins en moins nombreux, ont du mal à trouver.
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En conséquence, de nombreux cas ne sont pas détectés. Cela entraîne un retard dans le diagnostic et les patients perdent des opportunités de traitement. Avec Sésame, une fois qu'un médecin détecte un trouble grâce à une procédure standardisée, une infirmière spécialisée en psychiatrie intervient. Elle est principalement responsable du suivi des patients et mobilise les ressources externes nécessaires, qu'il s'agisse d'aides sociales ou médicales, comme une orientation vers un psychologue par exemple.
« Avant tout, il s'agit d'un endroit où l'écoute est primordiale », souligne Julie Martin, une infirmière travaillant à la maison médicale de Chevreuse. « Pendant les consultations, nous travaillons également avec les patients sur des aspects simples, tels que le sommeil ou leurs valeurs », illustre-t-elle. Par exemple, les personnes anxieuses pourront être invitées à pratiquer des exercices de cohérence cardiaque, tandis que celles qui rencontrent des difficultés au travail seront encouragées à réaliser des activités pour elles-mêmes.
Désamorcer les tensions et apporter de l'aide
L'ensemble du suivi est réalisé en collaboration avec un psychiatre, qui consacre trois heures chaque semaine au suivi des patients de l'association Sésame. Cependant, dans la plupart des cas, le professionnel ne les rencontre pas en personne. Cette distance est appréciée par les patients, car cela permet de dédramatiser la situation. Beaucoup d'entre eux se sentent rassurés de voir un infirmier plutôt qu'un psychiatre. De plus, les consultations sont remboursées par l'Assurance maladie, ce qui est un avantage pour les patients.
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En outre, il est à noter que l'absentéisme au travail connaît une augmentation notable, et cela est en corrélation avec la détérioration de la santé mentale des employés.
La qualité de vie au travail se détériore.
En outre, des rencontres entre professionnels de différents domaines sont régulièrement organisées. Cela offre également une proximité rassurante pour les médecins. Selon Marie-Anne Duval Cattanéo, le fait d'avoir l'expertise d'un psychiatre leur permet d'avoir une expertise thérapeutique si nécessaire. Cela les rassure quant à la posologie ou au choix d'un antidépresseur plutôt qu'un autre. Elle ajoute que c'est un outil extrêmement bénéfique pour les patients, ainsi que pour les professionnels de la santé, car cela les aide à faire face à des patients complexes, difficiles et qui demandent beaucoup de temps.
Johanna Couvreur, qui est en charge du projet Sésame à l'Institut Montaigne, explique que l'objectif est d'aider les médecins en les soutenant et en mettant une équipe autour d'eux. Selon elle, ce dispositif joue un rôle crucial en comblant le fossé entre la médecine générale et la psychiatrie. Christine Passerieux du Centre hospitalier de Versailles ajoute que cette collaboration est extrêmement importante pour assurer une gradation des soins en psychiatrie.
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