Olivier Dussopt, un ministre peu médiatisé confronté à des problèmes judiciaires

Le ministre du Travail doit comparaître à partir de ce lundi devant le tribunal correctionnel de Paris en raison de soupçons de favoritisme dans un marché public, accusations qu'il nie. Ce membre du gouvernement, qui a rejoint les rangs de la gauche, est le deuxième ministre en poste avec un rôle important à être confronté à la justice.

Isabelle Ficek a écrit cet article

Olivier Dussopt se prépare à affronter une double épreuve à partir de ce lundi. Le ministre du Travail, du Plein-emploi et de l'Insertion, qui n'est pas habitué à être sous les feux des projecteurs, va devoir faire face à cette situation. Cependant, ce n'est pas à cause de la présentation du projet de loi sur l'immigration à l'Assemblée, qu'il avait fait avec le ministre de l'Intérieur, mais plutôt parce qu'il est convoqué devant le tribunal correctionnel de Paris tous les après-midi jusqu'à jeudi.

Il est actuellement confronté à des accusations de favoritisme concernant un contrat public conclu en 2009 avec la société de traitement de l'eau Saur, pendant sa période en tant que député et maire du Parti Socialiste d'Annonay (Ardèche). Il nie ces accusations. Cette situation est exceptionnelle et évidemment gênante pour le gouvernement, car il est le deuxième ministre en fonction, après le ministre de la Justice, Eric Dupond-Moretti, à être confronté à la justice.

Convaincre du cinquième reproche

Bien qu'il ait toujours refusé de commenter ce procès afin de réserver ses explications à la justice, Olivier Dussopt a néanmoins fait allusion, au début du mois de novembre sur France 3, au fait que quatre des cinq reproches ont été "classés". "Je me rends bien évidemment au tribunal pour convaincre de ma bonne foi", a-t-il poursuivi. "J'ai réussi à convaincre le parquet sur les quatre premiers points, et je souhaite maintenant convaincre sur le cinquième."

Si une personne proche le décrit comme étant très déterminé et bien préparé, elle admet cependant être inquiète. D'autres, que ce soit au sein de la majorité ou du gouvernement, sont plus critiques. Un membre influent du Parlement affirme qu'il est résigné et brûlé intérieurement. Un ministre s'agace en disant qu'il est absorbé par ses propres histoires, ce qui le paralyse ! Cela se produit au moment où Emmanuel Macron et Bruno Le Maire tirent la sonnette d'alarme sur le plein emploi et où le ministre de l'Économie critique l'accord sur l'assurance-chômage.

Malgré ses efforts, Olivier Dussopt a du mal à faire entendre sa voix concernant la bataille pour le plein-emploi et l'accélération des réformes. Même si les dossiers de son portefeuille sont importants, il peine à se faire entendre. Il a souligné la semaine dernière que c'était le quatrième texte qu'il avait fait adopter en moins d'un an, faisant référence à la réforme de l'assurance-chômage de 2022, la réforme des retraites du printemps dernier et le texte sur le plein-emploi qui a été définitivement voté ce mois-ci.

Le fait que le ministre rappelle cette situation peut être vu comme une forme de revanche, certains diront même que c'est un témoignage de sa volonté de faire valoir ses droits. Cependant, cela rend sa position encore plus fragile, surtout après avoir été fortement critiqué lors de la réforme des retraites, où les attaques les plus virulentes venaient de ses propres collègues de gauche.

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Il est considéré par beaucoup de partenaires sociaux comme étant épuisé. Les relations et les négociations avec eux n'ont pas toujours été faciles, surtout pendant les discussions sur les retraites. Les rapports tendus entre le ministre et la Première ministre, Elisabeth Borne, n'ont pas non plus aidé. Ils pensaient qu'il allait perdre son poste lors du remaniement de cet été.

Selon un membre du patronat, le ministre du Travail reste un mystère pour eux. Il semble parfois avoir peur de son propre ombre, ce qui est surprenant étant donné que sa fonction exige d'être en contact étroit avec les acteurs intermédiaires pour résoudre les problèmes. Pourtant, il n'a jamais été un expert en résolution de conflits. Sa nomination en tant que ministre a été vécue comme une victoire personnelle pour lui, une sorte de revanche sociale. Il a fait des compromis sur ses convictions et a fini par adopter une attitude de "nouveau converti" même dans ses relations avec les partenaires sociaux, une attitude qualifiée de "reniement" par certains de ses anciens camarades du Parti Socialiste.

Olivier Dussopt, qui vient d'un milieu ouvrier, a essayé de répondre aux critiques concernant les retraites en disant qu'il n'y aurait pas de perdants, mais cela n'a pas convaincu. Il met fortement l'accent sur l'emploi comme moyen d'insertion sociale. Face aux accusations de stigmatisation envers les bénéficiaires du RSA avec la réforme en cours, il répond toujours que la plus grande stigmatisation est de maintenir les personnes dans la précarité.

Il trouve souvent ses plus grands soutiens parmi les personnes de droite qui ont changé de camp. Il est proche de Gérald Darmanin depuis leur travail ensemble à Bercy, et ils se considèrent tous les deux comme des exceptions statistiques. Il est également très apprécié par Edouard Philippe, l'ancien Premier ministre, qui le décrit comme quelqu'un de solidaire, loyal et travailleur, à l'opposé de ceux qui se vantent sans rien faire, selon son entourage.

Lors du dernier Conseil des ministres, Emmanuel Macron a exprimé son soutien à Eric Dupond-Moretti, selon un participant. Un conseiller espère que s'il est blanchi, cela renforcera sa position. Sinon, il risque d'être rapidement oublié car il est encore méconnu. Cela pose un problème symbolique alors que son portefeuille ministériel est lié à la promesse présidentielle du plein-emploi. De plus, l'agenda social est toujours très chargé. Une réponse sera probablement donnée en janvier.

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