La possibilité d'avoir Xavier Bertrand comme Premier ministre rencontre une forte opposition à l'Assemblée nationale. La gauche et le Rassemblement National ont averti que son gouvernement serait immédiatement rejeté. Cela renforce l'option de voir Bernard Cazeneuve prendre la tête du gouvernement, mais cela ne sera pas facile pour l'ancien socialiste.
Écrit par Grégoire POUSSIELGUE, Jacques PAUGAM et Hadrien Valat.
Emmanuel Macron cherche à former un gouvernement qui ne soit pas rejeté rapidement, ce qui est sa priorité pour choisir son prochain Premier ministre. Jusqu'à présent, il n'a pas encore réussi à trouver la solution idéale.
Aujourd'hui, un nouvel événement a mis en lumière la situation politique avec la possible candidature de Xavier Bertrand pour remplacer Gabriel Attal. Après l'affaire Thierry Beaudet, le président du Conseil économique, social et environnemental (Cese), qui était critiqué par la gauche et le Rassemblement national (RN) et contesté par certains membres du camp présidentiel, c'est maintenant le président de la région des Hauts-de-France qui est mentionné.
Après une longue préparation, Xavier Bertrand a finalement reçu le soutien de son camp politique. Les principaux leaders de la droite parlementaire, Laurent Wauquiez pour l'Assemblée nationale et Bruno Retailleau pour le Sénat, ont rassemblé leurs partisans pour discuter de cette possibilité et clarifier leur position commune. Sachant qu'une alliance avec le centre ne serait pas suffisante pour obtenir une majorité, les leaders de droite ont jusqu'à présent proposé un "pacte législatif" qui permettrait un soutien ponctuel mais sans participation directe.
La position de Laurent Wauquiez, qui dirige les députés du parti Les Républicains (actuellement appelé Droite Républicaine), a changé. Un député de son parti souligne qu'il a finalement accepté afin de ne pas paraître irresponsable. Il estime que les 47 députés de droite soutiennent la candidature de Xavier Bertrand. Un sénateur ajoute que la réunion a pour but de confirmer le choix de Bertrand pour Matignon. Quant à Bertrand lui-même, son entourage se montre prudent tout en mettant en avant ses compétences. Pour éviter une motion de censure, il devra convaincre au-delà de son propre camp et du bloc central.
Cependant, la politique du Palais-Bourbon est rapidement revenue à l'esprit d'Emmanuel Macron. Successivement, le Rassemblement national (RN) de Jordan Bardella et la gauche, sous le Nouveau Front populaire (NFP), ont promis de mettre en place immédiatement une motion de censure contre un éventuel gouvernement dirigé par l'ancien ministre de Nicolas Sarkozy. Ces deux forces politiques représentent plus de 330 députés, ce qui dépasse largement les 289 nécessaires. Le RN a justifié cette motion de censure en affirmant que cela serait un manque de respect envers les millions de Français qui ont exprimé leur vote.
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Le refus de Xavier Bertrand par le RN reste inchangé depuis la réunion avec Emmanuel Macron et les dirigeants d'extrême droite à l'Elysée. Le RN, qui compte 126 députés à l'Assemblée nationale, est prêt à renverser tout gouvernement qui ne serait pas qualifié de « technique » et à introduire la proportionnelle. Le parti de Jordan Bardella et de Marine Le Pen mise sur une possible dissolution l'année prochaine. Malgré cela, ses députés ont unanimement rejeté Thierry Beaudet, qu'ils considèrent comme un instrument aux mains d'Emmanuel Macron. Cela pose un réel problème.
Du côté gauche, même Nicolas Mayer-Rossignol, maire de Rouen et leader des opposants à Olivier Faure, le premier secrétaire du parti, a exprimé son désaccord avec Xavier Bertrand. Il a clairement déclaré qu'il était contre la nomination d'un Premier ministre de droite. Selon lui, Xavier Bertrand serait rapidement critiqué en raison de ses opinions politiques qui sont en désaccord avec les leurs. La direction du parti socialiste partage également cet avis, prévoyant une réaction immédiate en cas de nomination de Bertrand.
Le retour de l'option Bernard Cazeneuve semble être envisagé par certains membres minoritaires du PS, notamment Nicolas Mayer-Rossignol et Hélène Geoffroy. Ils considèrent que Cazeneuve est un homme d'État de gauche capable de rassembler. Lors du bureau national du PS, ils ont fait pression sur la direction du parti pour qu'elle ne s'oppose pas à un gouvernement de cohabitation dirigé par Cazeneuve. Cela a poussé le Premier secrétaire du PS à prendre position contre La France insoumise, qui a déjà annoncé qu'elle voterait la censure contre Cazeneuve.
Les dirigeants du Parti Socialiste sont gênés par la possibilité que Bernard Cazeneuve soit nommé à Matignon, mais ils ne devraient pas automatiquement le rejeter s'il promet de mettre en place une politique différente de celle de Macron, selon un membre du parti.
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Un sujet important attire l'attention : celui de la réforme des retraites, qui a été adoptée de manière difficile en 2023 malgré l'opposition unanime de tous les partis de gauche. Pour obtenir le soutien des socialistes, Bernard Cazeneuve doit envoyer des signaux à son ancien parti, qu'il a quitté en 2022, tout en tenant compte du fait qu'Emmanuel Macron, et de nombreux macronistes sur lesquels il devra compter à l'Assemblée nationale, refusent de revenir sur cette réforme. Un député de l'aile droite d'Ensemble pour la République (EPR) prévient : "Si Bernard Cazeneuve penche trop du côté de la gauche, nous voterons la censure".
En ce qui concerne les retraites, l'ancien maire de Cherbourg n'a pas exprimé son opinion. Son entourage affirme qu'il s'agit d'un homme de gauche qui prendra en considération la situation économique et politique du pays.
Mardi soir, Emmanuel Macron a continué à consulter différents acteurs politiques, en particulier ceux de la gauche. Il a discuté avec Olivier Faure et Boris Vallaud, ainsi qu'avec Les Ecologistes. Il a également essayé de contacter Manuel Bompard, le coordinateur national de la France Insoumise, et Mathilde Panot, la chef des députés mélenchonistes, pour une nouvelle réunion à l'Elysée, mais ceux-ci ont refusé. Manuel Bompard a critiqué l'appel du président pour une rencontre improvisée et a rejeté les tentatives de division de leur coalition. Malgré cela, l'Elysée continue ses efforts pour rassembler et unifier les différents acteurs politiques.
Les noms Jacques Paugam, Grégoire Poussielgue et Hadrien Valat.
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