Le Rassemblement National élimine ses adversaires de manière subtile
En déclarant qu'il rejetterait immédiatement Xavier Bertrand et Bernard Cazeneuve comme choix de Premier ministre, le RN se mêle soudainement aux affaires politiques qu'il prétendait éviter.
Écrit par Cécile CORNUDET
La vengeance est un plat qui se mange froid, du moins c'est ce qu'on dit au Rassemblement national. Marine Le Pen, exclue de postes à responsabilité à l'Assemblée et des discussions pour Matignon, a passé l'été dans le silence. Ce mardi, son parti a pris le pouvoir en main avec seulement deux phrases. Si Xavier Bertrand est envisagé pour Matignon, le parti a déclaré que ce serait un manque de respect envers le vote des Français et a annoncé qu'ils censureraient cette décision. Et qu'en est-il de Bernard Cazeneuve ? Après quelques hésitations, le parti a également déclaré qu'ils le censureraient. Il est clair que Marine Le Pen ne se laisse pas uniquement guider par sa rancœur personnelle envers Xavier Bertrand, car elle censure tout le monde pour ne laisser personne de côté.
Elle prend cette décision dès le début, sans attendre de juger la politique mise en place, contrairement à la responsabilité qu'elle essayait de montrer depuis le début du mandat présidentiel. Il est important de noter que la comparaison avec le Nouveau Front populaire la fait presque paraître plus conciliante. En arrivant en tête des élections législatives, la gauche a fermement joué sur le rapport de force avec Emmanuel Macron : Lucie Castets, procédure de destitution, mobilisation dans la rue le samedi. Marine Le Pen était dans une position bien moins favorable.
Elle a essayé de transformer sa faiblesse en force en restant loin des querelles politiques et en demandant aux autres partis de se concentrer sur un programme de session extraordinaire pour répondre aux besoins réels des Français, a-t-elle déclaré… Sauf quand elle en tire profit.
La roulette russe est une stratégie risquée qui est critiquée par certains pour son potentiel de fragiliser le pouvoir en place. Un ministre de l'équipe sortante s'inquiète que quel que soit le Premier ministre en poste, il sera sous l'influence du Rassemblement National. Les Républicains avaient déjà mis à l'épreuve le gouvernement précédent, mais en tant que petit groupe bien rodé à la culture gouvernementale, ils ne jouaient pas à prendre des risques excessifs. Il reste à voir si le RN et ses 126 députés adopteront la même approche.
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Dans la recherche d'un candidat pour devenir Premier ministre, la censure du Rassemblement National a stoppé l'élan de l'idée de nommer Xavier Bertrand. Le Parti Socialiste et le reste de la gauche ont également exprimé leur désapprobation, tandis que Les Républicains se montrent plus conciliants. Cependant, certains estiment que la candidature de Bertrand ne tiendrait pas longtemps. Une alternative avec Bernard Cazeneuve est envisagée. Les Républicains ne sont pas fermés à cette possibilité, alors que le Parti Socialiste se trouve divisé et indécis. Malgré des calculs en sa faveur sur le papier, cette alliance reste fragile. Emmanuel Macron semble encore à la recherche d'une solution qui correspondrait davantage à ses convictions. Tout est envisageable, y compris un autre candidat.
Article rédigé par Cécile Cornud
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