Le gouvernement français a dévoilé aujourd'hui sa stratégie nationale pour la biodiversité jusqu'en 2030. Ce plan d'action est concret et bénéficie de ressources financières supplémentaires, mais il ne parvient pas encore à prendre en compte les enjeux liés à l'agriculture.
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Il est essentiel de ne pas négliger la préservation de la biodiversité tout en luttant contre le réchauffement climatique, car cela est tout aussi crucial pour la protection de la vie sur Terre. La Première ministre, Elisabeth Borne, a souligné que l'effondrement de la biodiversité menace notre capacité à nous nourrir, notre économie et notre santé, lors de la présentation de la troisième édition de la stratégie nationale biodiversité de la France.
Cette nouvelle stratégie fait partie de la planification écologique qui est supervisée par Matignon et elle était très attendue depuis plus de deux ans. Elisabeth Borne avait déjà donné une idée générale de cette stratégie en juillet dernier, puis elle l'a soumise à consultation. Le cabinet de la Première ministre nous informe maintenant que les dernières décisions ont été prises.
Erreurs commises dans le passé
Même si les associations déplorent le manque de contraintes, ce nouveau plan pour l'horizon 2030 se veut à la fois ambitieux et concret. "Nous avons prévu des ressources historiques et un plan d'action très pratique. Nous avons tiré des leçons des erreurs commises dans le passé", insiste Sarah El Haïry, secrétaire d'Etat chargée de la Biodiversité, dans une interview accordée aux "Echos". Les stratégies précédentes n'ont pas réussi à atteindre leurs objectifs : la biodiversité continue de se dégrader en France.
Cette fois-ci, le gouvernement a établi plusieurs objectifs concrets, accompagnés d'indicateurs qui seront suivis : le plan comprend 40 mesures et 200 actions. La nouvelle stratégie vise notamment à mettre en œuvre en France l'accord de la COP15 sur la biodiversité, conclu en décembre dernier à Montréal : protéger 30 % des terres et des mers, restaurer 30 % des écosystèmes endommagés et réduire de moitié l'utilisation des pesticides.
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Dans ce contexte, la France a l'objectif de mettre 10 % de son territoire sous une "protection forte" d'ici 2030 (contre 4,2 % actuellement). Cela implique la création de nouvelles zones protégées ou le renforcement de la protection des zones existantes. Bien que les organisations non gouvernementales critiquent depuis longtemps l'autorisation d'activités humaines dans ces zones (même si elles sont placées sous une protection forte), le gouvernement envisage même de "renverser la charge de la preuve".
Selon des sources à Matignon, jusqu'à maintenant, les activités interdites sont celles dont on a pu démontrer qu'elles ont des conséquences néfastes. Cependant, une possibilité envisagée est de créer une liste d'activités interdites, à moins qu'il ne soit prouvé qu'elles ne sont pas préjudiciables. Cette proposition est actuellement à l'étude.
Il est prévu de créer un douzième parc national consacré aux zones humides. Trois zones sont en lice pour être sélectionnées : la Camargue, la Guyane et la Loire, a également mentionné le gouvernement. Une des nouveautés concerne la "réduction de la pollution sonore en mer" : les activités nautiques motorisées pourraient être limitées par décret dès l'année prochaine, notamment en Méditerranée.
Augmentation des ressources financières
Le plan comprend également des mesures visant à rétablir l'environnement (dont la plupart ont déjà été annoncées) : planter un milliard d'arbres et ajouter 50 000 kilomètres de haies, créer des zones de fraîcheur en ville, etc. Le gouvernement a inclus la restauration des prairies, qui avait été négligée jusqu'à présent. Il prévoit également de réaliser un nouvel inventaire en utilisant la technologie de l'ADN environnemental, ainsi que de créer une cellule de lutte contre le commerce illégal de ressources naturelles appelée "Tracnat".
Le gouvernement a confirmé que les ressources financières allouées seront augmentées (et a précisé qu'elles seront accompagnées de la création de 141 emplois) : 264 millions d'euros supplémentaires seront débloqués en 2024, ce qui portera le montant consacré à la biodiversité à 400 millions d'euros l'année prochaine. Sarah El Haïry assure que ce budget sera préservé sur plusieurs années. De plus, cette somme s'ajoute à celles allouées à l'eau (475 millions supplémentaires), à la réhabilitation des terrains abandonnés (300 millions) et à la renaturation (100 millions), qui sont inclus dans le fonds vert.
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En réponse aux critiques récurrentes, le gouvernement a annoncé qu'il mettait en place une mission d'inspection dans le but de réorienter ou de supprimer progressivement les subventions qui ont un impact négatif sur la biodiversité. Un rapport réalisé par l'Inspection générale des finances et l'Inspection générale de l'environnement et du développement durable a estimé en novembre 2022 que ces subventions s'élevaient à 10,2 milliards d'euros par an, dont 6,7 milliards provenant de la politique agricole commune et 2,9 milliards de l'artificialisation des sols.
Sarah El Haïry insiste sur la nécessité de mettre en place un plan d'action qui intègre le monde agricole dans les discussions. Certaines ONG environnementales, qui réclament un tel plan depuis plusieurs mois, ont exprimé leur vif regret quant à son report à 2024.
Le président de la Ligue nationale pour la protection des oiseaux (LPO) a exprimé sa déception face au manque de changement de paradigme dans le grand plan agriculture attendu, ce qui a suscité de la frustration. Dans l'ensemble, bien qu'elles aient salué l'ambition de cette nouvelle stratégie, les organisations non gouvernementales (ONG) axées sur l'environnement ont regretté son manque de considération pour la question agricole, comme l'a souligné le WWF France.
Anne Feitz,
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