La « bombe sociale » : un nouvel argument d’autorité pour se différencier de Macron

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L'utilisation de l'argument de la "bombe sociale" est devenue une nouvelle méthode pour se démarquer de Macron, exercer une pression sur le gouvernement ou ralentir le rythme. Cet automne a été particulièrement paisible et cette expression est devenue incontournable.

Par moi-même, Cécile Cornudet.

Que ce soit les politiciens, les journalistes ou les experts, ceux qui n'ont pas évoqué le risque d'une "crise sociale" ont manqué leur rentrée. La menace est omniprésente, que ce soit l'inflation, le logement ou l'écologie. Elle est utilisée par des politiciens de tous bords, tels qu'Edouard Philippe (Horizons), Fabien Roussel (PCF), Bruno Retailleau et David Lisnard (LR). Elle suscite de la peur et c'est intentionnel. Elle ne fait pas beaucoup débat car les souvenirs des récents troubles sont encore frais : les "gilets jaunes", la réforme des retraites, les émeutes de juin. Le paysage politique et social a été ébranlé, et cela pourrait se reproduire à nouveau.

Cependant, si on examine de près, rarement l'automne n'a été aussi peu "chaud" sur le plan social. Une journée d'action est prévue le 13 octobre pour aborder la question du pouvoir d'achat, mais les syndicats sont hésitants, comme s'ils ne voulaient pas prendre la responsabilité d'une situation incontrôlable. De plus, qu'ont-ils vraiment gagné dans la bataille des retraites ? Les conflits salariaux dans les entreprises sont limités. L'appel de Fabien Roussel à "envahir les préfectures et les supermarchés" contre la vie chère n'a eu aucun impact.

La prudence ou le changement?

Il serait erroné de conclure que tout va bien. Les Français ne parlent que du coût de la vie. Les sondages montrent une "accumulation de craintes", selon Bernard Sananès (Elabe) : peur de ne pas s'en sortir, de ne pas concrétiser leurs projets de logement, peur pour leur sécurité étant donné que le gouvernement n'a pas apporté de solution à la crise des banlieues. Les gens sont inquiets, mais jusqu'à quel point ? Les politiciens ont du mal à comprendre la réalité du terrain. "La situation est confuse", affirme un conseiller. "L'inflation est un phénomène qui absorbe tout", analyse Bruno Le Maire.

D'après Robert Zarader, un observateur de la vie politique, bien que la situation sociale ne soit pas explosive, la situation sociétale l'est. Les gens ressentent un malaise et une déconnexion entre leur vie quotidienne et les discours politiques. Beaucoup craignent que cela puisse avoir des conséquences politiques, alimentant ainsi discrètement le vote en faveur du RN.

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Qu'elle soit réelle ou imaginée, cela n'a pas d'importance, la bombe est présente dans les esprits. Elle est utilisée par les ambitieux tels que Bruno Le Maire et Edouard Philippe, qui cherchent à se démarquer d'Emmanuel Macron sur des sujets apparemment incontestables. Ils ont averti à plusieurs reprises sur le calendrier des rénovations énergétiques, au nom du risque de troubles sociaux. Et peu importe si ces doutes ne poussent pas les propriétaires à accélérer les travaux.

Elle représente ceux qui sont prudents en ce qui concerne les réformes et toute mesure potentiellement controversée, que ce soit au gouvernement ou dans la majorité. Cela inclut des initiatives telles que la taxation de l'alcool et du tabac, les franchises médicales et les contraintes écologiques. Cependant, Emmanuel Macron souligne régulièrement que le vote en faveur de Le Pen est en réalité un appel à l'action et à la transformation du pays. La véritable bombe se trouve là, et personne n'a encore trouvé comment la désamorcer.

Cécile Cornudet est l'aute

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