Gérald Darmanin s’invite à la rentrée européenne de Renaissance et bouscule les plans du parti présidentiel

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Gérald Darmanin perturbe le début de la rentrée européenne de Renaissance

Lors de la réunion de ses partisans à Bordeaux, le parti au pouvoir a mis en avant les élections européennes de juin 2024. Cependant, le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, s'est également immiscé indirectement dans le débat.

Écrit par Grégoire Poussielgue et Isabelle Ficek

La journée avait commencé de manière très positive. Le temps était magnifique et 3 000 militants s'étaient réunis au Parc des Expositions de Bordeaux. De nombreux membres du gouvernement étaient présents, ainsi que des parlementaires et une invitée spéciale, Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne. Le parti d'Emmanuel Macron, Renaissance, avait clairement défini son objectif pour la rentrée politique : les élections européennes du 9 juin 2024. Cependant, les événements tragiques en Israël ont donné une tonalité plus sombre à cette rentrée.

Le vote européen se déroulera dans huit mois, mais il est déjà au centre de toutes les discussions. L'extrême droite a pris de l'avance, avec des leaders désignés au Rassemblement national (RN) – Jordan Bardella – et chez Reconquête avec Marion Maréchal. La gauche se présente divisée et présentera quatre listes distinctes – socialistes, communistes, écologistes et France Insoumise – tandis que Les Républicains (LR) sont toujours à la recherche de la perle rare pour diriger leur liste.

Chez Renaissance, l'esprit optimiste est prédominant. En 2019, deux ans après l'élection d'Emmanuel Macron et malgré les protestations des gilets jaunes qui ont eu lieu quelques mois auparavant, la liste de la majorité est arrivée en deuxième position lors des élections, à seulement un petit point derrière le RN. Aurore Bergé, ministre des Solidarités et des Familles, affirme que "la campagne européenne commence aujourd'hui pour nous. Elle repose sur un projet clair et il n'y a pas d'urgence à désigner une tête de liste". Les responsables de Renaissance mettent constamment en avant le bilan de la période qui s'achève et l'importance de l'unité de l'Europe face aux crises mondiales et aux changements, allant de la guerre en Ukraine à la transition écologique. "C'est une bonne idée de mettre l'accent sur l'Europe pour notre rentrée, c'est un retour aux valeurs fondamentales du macronisme", ajoute un proche du président.

La campagne s'annonce difficile face au RN, et certains expriment leur inquiétude. Les élections européennes ont du mal à mobiliser en raison d'une forte abstention – 57,5 % en 2014, 50 % en 2019. Pour réussir, il est nécessaire de parler avec nos émotions plutôt qu'avec notre raisonnement, d'agir avec passion plutôt qu'avec logique. Nous ne devons pas considérer ce que nous représentons comme faible, en voie de disparition ou menacé. Nous sommes un espoir pour des millions de nos compatriotes. Cependant, nous devons être plus clairs et fermes. C'est très important. Il ne s'agit pas de chercher le consensus, d'être mou ou flou en ce moment, avertit le ministre de l'Economie Bruno Le Maire lors d'une conférence de presse.

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Il faudra probablement attendre le printemps prochain, à quelques semaines des élections, pour savoir qui sera la tête de liste de Renaissance. Lors du conseil national du parti samedi matin, il a été décidé de former une liste unique avec les alliés Horizons et Modem. Maintenant, il reste à constituer la liste et à trouver le numéro un. Entre Stéphane Séjourné, le directeur actuel de Renaissance, le commissaire européen Thierry Breton, les membres du gouvernement Clément Beaune (Transports) ou Laurence Boone (Affaires européennes), sans oublier le député européen Pascal Canfin, Renaissance a de nombreux candidats potentiels pour mener la campagne. Un député de Renaissance analysant la situation depuis le Parc des expositions bordelais déclare : "Nous avons un problème de choix avec tous ces candidats potentiels. La seule chose certaine est que nous devrons mener une campagne Blitzkrieg car cela a été un succès pour nous." Renaissance a déjà prévu sa campagne : d'abord mettre en valeur le bilan, puis début 2024, présenter les propositions et enfin désigner la tête de liste. Un dirigeant de Renaissance déclare : "Nous ne voulons pas tomber dans le piège de Jordan Bardella et mener une campagne longue. Nous allons le laisser se battre avec Marion Maréchal."

Le moment fort de la journée est le discours inspirant d'Ursula von der Leyen lors de la séance plénière, qui reçoit une grande ovation des militants. Elle condamne également l'attaque inacceptable du Hamas contre Israël et exprime un soutien solide à l'Arménie. La rentrée de Renaissance se déroule bien.

Pendant les discours sur l'Europe en séance plénière, un invité surprise a attiré l'attention. En effet, le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, qui était présent au campus vendredi, a donné une interview au journal "Le Parisien" qui a été publiée en plein milieu du campus de Renaissance, suscitant ainsi de nombreuses discussions.

La personne qui, fin août, avait profité de l'absence de rentrée politique de la majorité pour organiser sa propre rentrée dans sa ville de Tourcoing, en mettant l'accent sur les classes populaires, est maintenant venue animer la rentrée du parti présidentiel. Même si les choses semblaient s'être calmées officiellement après cet événement à Tourcoing, cela a un air de revanche après les critiques virulentes que le ministre de l'Intérieur avait reçues à ce moment-là, notamment de la part du secrétaire général de Renaissance, Stéphane Séjourné. Ce dernier avait alors souligné que les idées doivent primer sur les ego.

Ce samedi, l'un des rares membres importants du gouvernement souligne, dans cette interview avec les lecteurs du « Parisien », des annonces significatives, telles que le doublement du nombre de places en centre de rétention. Gérald Darmanin réaffirme également – ce qui avait suscité la controverse cet été, y compris au sein de la majorité – que les policiers mis en cause ne devraient pas être emprisonnés, "sauf exception", avant leur procès. De plus, il défend également son projet de loi sur l'immigration comme "un texte très important" dont l'adoption doit cesser d'être retardée. Il met l'accent sur le volet de fermeté du projet, mais il tente également de rassurer quant aux régularisations, qui seront traitées "au cas par cas". Surtout, il tend la main aux membres des LR, qui souhaitent restreindre voire supprimer l'Aide médicale d'État lors de l'examen du projet de loi. Enfin, il reconnaît que la restriction de l'AME ne faisait pas partie du projet initial du gouvernement, mais il se montre favorable à la proposition des LR et des centristes de "supprimer l'AME et la transformer en AMU, aide médicale d'urgence". Il espère ainsi ouvrir la voie à un accord, du moins au Sénat.

Titre alternatif: Darmanin se renforce en dehors de Matignon

Dans cet article, il est mentionné que Gérald Dar

Darmanin suscite déjà des tensions au sein de la majorité.

En particulier, Gérald Darmanin, membre du parti Renaissance en charge de la formation des élus, exprime une grande inquiétude. Il continue de défendre son point de vue. Il affirme qu'il est nécessaire d'accepter le débat d'idées au sein de notre majorité. Selon lui, il est important de soulever des idées, même si elles déplaisent, même si certains estiment que cela dépasse notre rôle. Cela constitue une critique directe envers le parti Renaissance. En réponse à Gérald Darmanin, un cadre du parti Renaissance déclare: "Je suis en faveur d'un débat d'idées qui élève le niveau de la discussion, pas qui l'abaisse. Si le débat conduit à la cacophonie, je n'en ferai pas partie".

En réponse aux critiques formulées fin août, le ministre de l'Intérieur réaffirme que, selon lui, Edouard Philippe est actuellement la personne la mieux qualifiée pour 2027. Il souligne également que Gérald Darmanin ne s'interdit aucune possibilité, laissant entendre qu'il pourrait envisager d'autres options en dehors de Renaissance, étant donné qu'il est le fondateur d'Horizons.

« Il s'engage dans des activités politiques », réfute une ministre, mais elle admet néanmoins que « plus le mandat avancera, plus il y aura de prises de position individuelles ». Cette journée de campus a donné un aperçu sérieux de l'unité de discours sur l'Europe.

Isabelle Ficek et Grégoire Poussielgue sont des journalistes qui se trouvent actuellement à Bordeaux, en Gironde.

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