Emmanuel Macron a inauguré aujourd'hui son projet culturel majeur, la Cité internationale de la langue française, à Villers-Cotterêts, dans l'Aisne. Ce territoire est connu pour les scores électoraux élevés du Rassemblement National. Face aux tensions croissantes dans le pays, notamment en raison de la crise au Proche-Orient, le président français a souligné l'importance du français en tant que « ciment » de la « nation » et « langue universelle ».
Par moi-même, Isabelle Ficek
Après les mouvements des « gilets jaunes » et les émeutes de cet été, la division croissante de la société française due au conflit au Proche-Orient et la montée de l'extrême droite jusqu'à une possible victoire à l'Élysée en 2027 sont des préoccupations pour Emmanuel Macron. C'est pourquoi il a voulu transmettre un message d'« unité » et d'« universalité » en inaugurant aujourd'hui le projet culturel qu'il avait imaginé pendant sa campagne présidentielle de 2017 : la Cité internationale de la langue française, située à Villers-Cotterêts dans l'Aisne.
Dans cette région où le Rassemblement national obtient ses résultats les plus élevés, le président de la République a déclaré lors d'une interview sur France 2 après l'inauguration que la manière de reconquérir les Hauts-de-France était de procéder à une réindustrialisation. Il a également souligné que la reconquête des cœurs, des esprits et de la République passait également par la culture.
Emmanuel Macron a présenté la Cité de la langue française comme un moyen de revitaliser les régions en favorisant l'ouverture plutôt que le repli sur soi. Il a souligné que cela permettrait de contrer le discours de déclin porté par l'extrême droite. En rouvrant ce château aux habitants et aux écoles, il espère redonner de la fierté et se défaire d'une mentalité nostalgique ou fataliste.
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Malgré un agenda international chargé et le retard causé par l'hommage rendu à Dominique Bernard, le professeur assassiné à Arras, Emmanuel Macron a tenu à expliquer pourquoi il considère que ce projet est important. Selon lui, dans une période où les divisions et les haines refont surface, où l'on souhaite opposer les communautés, les religions et les origines les unes aux autres, la langue française joue un rôle de colle sociale. C'est ce qu'a affirmé le président de la République.
Un ciment affaibli. Aujourd'hui, en début de semaine, le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, a déclaré sur BFMTV que 819 incidents antisémites ont eu lieu en France depuis l'attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre.
Le président de la République a adressé un message de rassemblement et d'unité nationale, soulignant également l'importance du français en tant que langue de l'universalité et de la liberté. Dans le contexte actuel, il est crucial de le rappeler, a-t-il souligné, faisant référence au français en tant que langue de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, de "J'accuse" et du "Traité sur la tolérance".
Dans cet endroit qui sera le lieu du prochain Sommet international de la francophonie à l'automne 2024, Emmanuel Macron a également souhaité mettre en avant cette "organisation unique […] initiée par des présidents qui n'étaient pas français", mentionnant notamment Habib Bourguiba et Léopold Sédar Senghor.
En évoquant également le Proche-Orient, Emmanuel Macron a souligné que le français y est considéré comme la langue des minorités et des libertés. Il a affirmé que c'est ce message que la France doit continuer à transmettre au monde aujourd'hui, dans un contexte où certains veulent fermer les portes et se replier derrière les religions ou entre l'opposition entre l'Occident et le Sud, qu'on appelle désormais le monde global, tout en refusant la coexistence pacifique. Cependant, la France éprouve des difficultés à faire entendre ce message.
Dans cette situation, Emmanuel Macron a répondu avec quelques critiques. En réponse à l'académicien Jean-Marie Rouart qui a critiqué "un projet de tartuffe à Villers-Cotterêts City", il a expliqué que "lorsque nous sommes confrontés à des investisseurs qui ne parlent pas français, il est préférable de se faire comprendre, c'est pourquoi nous disons 'Choose France'".
En évoquant les connaissances fondamentales et la transmission de la langue française, le président a exhorté à ne pas se laisser influencer par les tendances actuelles, faisant référence à l'écriture inclusive. Une proposition de loi émanant des Républicains, qui vise à interdire cette pratique, est actuellement débattue au Sénat. Le président a estimé que dans la langue française, le masculin représente le neutre. Selon lui, il n'est pas nécessaire d'ajouter des points, des tirets ou d'autres éléments au milieu des mots pour la rendre compréhensible.
Un sujet moins sérieux que l'unité nationale. Cependant, il reste tout aussi controversé.
Isabelle Ficek est l'auteur
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