La rentrée scolaire est là et les enseignants de l'Education nationale espèrent trouver un peu de tranquillité après une série de réformes qu'ils trouvent confuses et fatigantes. Ils souhaitent une année sans changements majeurs.
Écrit par Solène Cazenave
Avant la rentrée de 12 millions d'élèves le 2 septembre, les enseignants de collège et de lycée font leur rentrée ce vendredi. Cette rentrée est particulière car elle se déroule sans ministre en poste. Malgré un rythme intense de réformes ces dernières années, certains enseignants voient cette situation comme une pause bienvenue. Une enseignante en lycée général déclare : "Nous nous sentons tellement ignorés que c'est peut-être mieux qu'il n'y ait personne. Mieux vaut rien que de nouvelles catastrophes comme les groupes de niveaux."
Jérôme Fournier, secrétaire national du syndicat SE-Unsa, met en garde contre la mise en place de nouveaux décrets ou arrêtés à ce moment. Selon lui, les récentes politiques ont provoqué un sentiment de mécontentement chez les enseignants. Il critique le nombre important de réformes contradictoires qui sont mises en place rapidement, sans évaluation, et abandonnées par la suite.
En l'espace d'une année, quatre ministres ont été en poste.
Les proviseurs partagent le même constat : ils sont confrontés à des demandes contradictoires, les obligeant à mettre en place des dispositifs pour les retirer peu de temps après. C'est ce que souligne Bruno Bobkiewicz, secrétaire général du principal syndicat des chefs d'établissement.
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Selon Sophie Vénétitay, qui est secrétaire générale du Snes-FSU, l'année 2023-2024 a été caractérisée par une politique éducative très instable. Elle a débuté avec les annonces de Gabriel Attal sur le "choc des savoirs" et s'est ensuite poursuivie avec Pap Ndiaye, pour finalement se terminer sous la direction de Nicole Belloubet, après un bref passage d'Amélie Oudéa-Castéra. Jérôme Fournier souligne qu'il y a eu autant de ministres en une année que durant les dix années précédentes.
Les fréquents changements de personnalités et d'orientations politiques compliquent la compréhension des priorités politiques, selon Sophie Vénétitay. La comparaison entre Pap Ndiaye et Gabriel Attal montre des différences significatives dans leurs politiques. Cela engendre un sentiment de fatigue, provenant de l'impression d'être constamment ajusté en fonction des circonstances.
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Cependant, l'instabilité au sein du gouvernement n'est pas la seule raison de la "frénésie de réformes" actuelle, selon plusieurs syndicalistes. Ils attribuent cette tendance au mandat de Jean-Michel Blanquer, ancien ministre de l'Éducation pendant le premier mandat d'Emmanuel Macron. Pendant cinq ans, il a constamment proposé de nouvelles initiatives, ce qui a conduit à une situation où le temps de l'éducation est devenu celui de la politique, selon Bruno Bobkiewicz.
Parcoursup, la réforme du lycée général, la réforme de la voie professionnelle, le nouveau brevet… Depuis 2017, de nombreux changements ont été apportés à l'ensemble du système éducatif. Selon un proviseur d'une cité scolaire parisienne, aucun aspect de l'éducation n'a été épargné par ces modifications. Il exprime son exaspération face aux annonces constantes de changements, qu'ils surviennent chaque année, chaque semestre, voire même chaque mois.
Les syndicats insistent sur l'importance de prendre des mesures significatives dans le domaine de l'Education nationale, mettant en avant la nécessité de s'attaquer aux problèmes de fond tels que les conditions de travail et l'attrait du métier. Selon Jean-Rémi Girard du SNALC, les réformes récentes et les annonces faites jusqu'à présent n'ont pas abordé cette crise structurelle. Il est donc crucial de se concentrer sur ces aspects essentiels pour améliorer la situation.
Les syndicats de l'éducation ont exprimé un souhait commun pour la rentrée : la stabilité. Ils demandent à leur prochain ministre de garantir une année sans perturbations constantes. Selon Elisabeth Allain-Moreno, du Snes-FSU, il est essentiel de respecter le besoin des enseignants de pouvoir exercer leur métier sans interruptions.
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Solène Cazenave
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