Nouveau Premier ministre : les coulisses des négociations intenses à l’Elysée

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Le nouveau Premier ministre a été nommé après une journée de négociations intenses à l'Elysée. Depuis le 23 août, Emmanuel Macron rencontre les leaders politiques pour discuter. Cette journée a été marquée par une augmentation des discussions.

Écrit par Isabelle FICEK, Grégoire POUSSIELGUE et Hadrien Valat.

Depuis le 23 août, Emmanuel Macron a eu de nombreuses réunions à l'Elysée pour résoudre la crise politique et nommer un nouveau Premier ministre, ainsi qu'un gouvernement. Récemment, l'idée de Bernard Cazeneuve a été largement discutée, créant des tensions au sein du PS, réuni à son congrès de Blois, et irritant le Nouveau Front populaire (NFP), une alliance de gauche qui souhaite toujours diriger Matignon.

Ce lundi, Bernard Cazeneuve, ancien maire de Cherbourg, a été le premier à arriver à l'Elysée à 8h45 pour rencontrer Emmanuel Macron, avec qui il a travaillé au gouvernement – Macron était ministre de l'Economie pendant que Cazeneuve était à l'Intérieur. Cependant, avant de rencontrer Macron, Cazeneuve a été critiqué par la gauche dans les émissions radio et télévisées du matin, qui s'oppose fermement à sa possible nomination.

La gauche promet de censurer tout autre gouvernement que celui de Mme Lucie Castets, selon les quatre formations du Nouveau Front populaire. Mathilde Panot, présidente du groupe LFI à l'Assemblée, a déclaré sur France 2 que leur alliance ne tolérerait aucun autre gouvernement. De son côté, Manon Aubry, députée européenne, a souligné sur Europe 1 et CNews que Bernard Cazeneuve, avec son parti La Convention, ne dispose que d'un seul député à l'Assemblée nationale. Elle a souligné la difficulté de former une majorité avec un seul député.

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Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste, souligne sur BFMTV qu'il ne sait pas pourquoi Bernard Cazeneuve va discuter avec le président. Il avertit qu'il s'opposera à toute tentative de maintien de la politique de Macron, sans clarifier s'il inclut Bernard Cazeneuve dans cette critique. Il mentionne tout de même que l'annulation de la réforme des retraites par ce dernier serait un progrès significatif.

Le Rassemblement National envisage de censurer le budget

Alors que de leur côté, les membres du parti RN voient l'ancien Premier ministre de François Hollande et Xavier Bertrand comme des soutiens de Macron, le parti d'extrême droite se prépare à potentiellement censurer le budget, même s'ils ne le feront pas immédiatement en cas de nomination d'un nouveau Premier ministre.

La chef du groupe Rassemblement National à l'Assemblée nationale a rappelé à Emmanuel Macron et aux autres groupes politiques sa présence ce lundi matin. Marine Le Pen demande la convocation d'une session extraordinaire et critique l'indécision du président. C'est une manière de mettre la pression.

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Lors d'une visite dans une école pour la rentrée scolaire, le Premier ministre démissionnaire Gabriel Attal est interrogé par les élèves sur le nom de son successeur, probablement inspirés par les journalistes présents. Gabriel Attal, prudent mais souriant, explique aux enfants que le choix du successeur est une décision du président de la République, basée sur les résultats des élections et la situation au Parlement.

Peu de temps après, après une discussion d'une heure et quinze minutes avec Emmanuel Macron, Bernard Cazeneuve quitte l'Elysée sans dire un mot. Le président l'accompagne jusqu'au vestibule et lui fait la bise avant qu'il monte dans sa voiture. Ce geste a été observé par les journalistes de l'AFP.

Les discussions ont été fructueuses, affirme un proche du chef de l'État, qui souligne l'importance du domaine régalien. Cependant, ce proche ne mentionne pas les sujets de désaccord, en particulier la question de la réforme des retraites.

"Lors d'une conférence de presse cet après-midi, Carole Delga, la présidente de la région Occitanie qui soutient sa nomination, a indiqué que Bernard Cazeneuve avait informé Emmanuel Macron de sa disponibilité pour servir la France, à condition que le programme ne soit pas simplement une continuation du macronisme. Il a notamment exigé l'abrogation de la réforme des retraites. Cependant, Carole Delga a déjà commencé à parler de Bernard Cazeneuve au passé."

François Hollande souhaite une résolution politique

François Hollande se rend au Palais pour discuter avec son successeur. L'ancien président plaide en faveur d'une solution politique qui rompt avec les politiques précédentes. Il semble en faveur du retour de son dernier Premier ministre à Matignon. Cependant, soutenir Bernard Cazeneuve pourrait également signifier soutenir une sortie politique pour Emmanuel Macron, qui est revenu à l'Assemblée nationale après une longue absence pour se positionner en vue des élections de 2027.

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Si le nouveau député de Corrèze ne soutient pas Bernard Cazeneuve, cela revient à empêcher un homme qui symbolise pleinement le style de gouvernance de François Hollande entre 2012 et 2017. En effet, Bernard Cazeneuve a été l'un des rares ministres à occuper des postes clés (Affaires européennes, Budget, Intérieur et Matignon) pendant tout le mandat du dernier président socialiste. C'est un choix délicat pour le député débutant de Corrèze.

Lors de la rencontre entre François Hollande et Emmanuel Macron, il y a eu une surprise: un nom court a été évoqué, soutenu par le secrétaire général de l'Elysée, Alexis Kohler. Il s'agit de Thierry Beaudet, actuel président du Conseil économique, social et environnemental (Cese) depuis 2021. Sa page Wikipédia affirme qu'il a été nommé Premier ministre par Emmanuel Macron le 2 septembre, mais cette information a rapidement été corrigée et il est seulement mentionné que son nom est évoqué pour ce poste.

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L'idée de nommer Beaudet comme président du Cese surprend. Certains estiment qu'il a une approche de gauche mais qu'il manquera de poids politique face à Macron. Cette hypothèse ne semble pas déplaire à Darmanin, Attal ou Philippe, car elle ne favorise aucun candidat pour 2027 selon un proche du pouvoir.

Certains pensent également que Thierry Beaudet pourrait jouer un rôle de Premier ministre technique, dans un scénario où quelques personnalités influentes arriveraient ou resteraient en place.

Opposition croissante

Au cours de la journée, l'idée de nommer Thierry Beaudet à Matignon, qui était bien accueillie par certains partenaires sociaux et mutualistes, commence cependant à rencontrer une opposition croissante de la part de certains membres du cercle proche d'Emmanuel Macron. En 2022, on se souvient qu'Emmanuel Macron avait envisagé de nommer Catherine Vautrin, avant de renoncer sous la pression de son entourage et de choisir Elisabeth Borne à la place.

Il est difficile pour Nicolas Sarkozy, l'ancien président, d'envisager positivement cette idée, même s'il a récemment appelé Les Républicains à nommer un Premier ministre de droite dans une publication du journal "Le Figaro" samedi. Il semble qu'il garde toujours en tête l'idée de nommer François Baroin, qui revient régulièrement dans les discussions.

L'idée ne plaît pas non plus à François Bayrou, le président du Modem, qui a été reçu à l'Elysée ce lundi par le président de la République, tout comme Gabriel Attal. Ce proche allié a une fois de plus plaidé dimanche sur LCI pour un candidat possédant de l'expérience et une crédibilité auprès de l'opinion publique, suggérant que Bernard Cazeneuve corresponde à ces critères.

La frustration augmente

Alors que les partis d'opposition commencent à perdre patience voire à se montrer exaspérés, le camp présidentiel n'est pas épargné non plus. Un membre de l'ancienne majorité s'irrite en affirmant que ce qui importe le plus, ce n'est pas le nom de Thierry Beaudet ou d'autres, mais plutôt le programme du gouvernement et ses orientations. Il trouve que le processus de consultations prend trop de temps. François Bayrou a souligné dimanche que la situation actuelle, bien que totalement inédite, nécessite une résolution rapide.

Chaque fois qu'une solution est envisagée, la situation semble devenir de plus en plus difficile à résoudre. Cependant, une fois encore, l'Elysée s'engage à apporter une réponse rapide…

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