Les députés macronistes mettent Michel Barnier sous surveillance: un « oui » conditionnel au gouvernement

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Les membres du parti d'Emmanuel Macron gardent un œil sur Michel Barnier

Ils sont d'accord pour soutenir sa participation au gouvernement et sa politique, mais avec des limites claires et sans connaître les intentions du nouveau Premier ministre. Gérald Darmanin a comparé la situation à manger dans un restaurant plongé dans l'obscurité.

Écrit par Grégoire POUSSIELGUE

Rééc

Gabriel Attal, le leader des parlementaires macronistes, a exprimé son accord de principe envers la politique de Michel Barnier, mais a également averti que ce soutien dépendra du respect des limites à ne pas dépasser. Il a clairement indiqué que le soutien ne sera maintenu que si les lignes rouges ne sont pas franchies lors de leur réunion de rentrée à Rosny-sur-Seine dans les Yvelines.

D'un côté, l'ancien Premier ministre s'est engagé à tout mettre en œuvre pour assurer le succès, tandis que lors d'une réunion avec tous les parlementaires présents, il a affirmé qu'il n'était pas prêt à compromettre nos principes. Selon des témoins, le député des Hauts-de-Seine a également souligné le droit d'être exigeant et de demander des engagements solides envers notre programme législatif, nos idées et nos valeurs pour obtenir notre soutien. Il a également revendiqué le droit à la liberté.

Certains députés, dont des personnalités importantes, semblent mettre en garde Michel Barnier. Le ministre de l'Intérieur démissionnaire et député du Nord, Gérald Darmanin, prévient que les macronistes ne voteront pas pour lui quoi qu'il arrive. Il affirme ne pas le connaître.

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Michel Barnier devait rencontrer les députés du groupe Ensemble pour la République (EPR) mardi soir, mais il est averti. Les 97 députés macronistes, encore secoués par la défaite de leur camp suite à une dissolution de l'Assemblée mal comprise, ne sont pas prêts à accorder leur confiance aveugle au nouveau Premier ministre. Pour la plupart d'entre eux, ils n'ont jamais rencontré Michel Barnier. Un député de l'aile gauche plaisante en disant : "Michel Barnier ? Je ne le connais pas. Je l'ai souvent vu à la télévision, je pense qu'il est de droite." Pour eux, la réunion de mardi soir sera donc une occasion de faire connaissance.

En outre, ils ne sont pas au courant de qui compose le gouvernement ni des orientations principales de la politique qu'il prévoit de mettre en œuvre. Par conséquent, déterminer une position claire demeure actuellement un exercice impossible. Selon la députée du Nord Violette Spillebout, il est impossible de fixer des limites à un programme dont on ne connaît pas les détails.

Se rendre dans un restaurant où l'on dîne dans l'obscurité semble être une comparaison pertinente pour décrire la confusion dans laquelle se trouvent les députés macronistes. Gérald Darmanin a souligné cette image, bien qu'il soit du même parti politique que Michel Barnier. Selon lui, la formation du gouvernement se fera dans l'incertitude totale quant à la méthode et à la politique qui seront adoptées. C'est une situation inédite, où certains ministres découvriront tout cela une fois installés au gouvernement, explique un député.

Les partisans d'Emmanuel Macron sont prêts à rejoindre le gouvernement, mais envisagent de quitter en groupe si le Premier ministre prend des décisions qui vont à l'encontre de leurs opinions. Cette possibilité a été soulevée par Gérald Darmanin. "Nous sommes en accord sur le principe de participer au gouvernement, mais nous ne savons pas si nous serons d'accord avec toutes les actions de Michel Barnier", a déclaré devant les médias le député de la région Nord.

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Certains semblent déjà perdus. Un député, Ludovic Mendes, se demande quel est le rôle du Premier ministre et ne sait pas s'il fait partie de la majorité ou de l'opposition. Il remarque que Michel Barnier communique davantage avec la droite et l'extrême droite qu'avec la gauche et le centre. Les propositions de Barnier pour 2022, telles que le moratoire sur l'immigration, la réduction de l'aide médicale d'Etat aux soins d'urgence et la retraite à 65 ans, sont considérées comme inacceptables par de nombreux députés.

Les membres de la faction de gauche du parti de Macron expriment ouvertement leurs préoccupations concernant le Premier ministre, ses prises de position et la pression exercée par Les Républicains et le Rassemblement national pour promouvoir leurs idées.

"Ça doit fonctionner"

Guillaume Kasbarian, ministre démissionnaire du Logement et député d'Eure-et-Loir, pense que c'est au Premier ministre de justifier les projets qu'il souhaite mettre en place. Le problème au sein du groupe macroniste est que les limites ne sont pas claires et ne sont pas les mêmes pour tous. La faction de droite est plus encline à soutenir la loi sur l'immigration, qui devrait revenir dans les discussions, mais elle exclut de soutenir la réforme des retraites. Pour la faction de gauche, c'est l'inverse.

Les députés EPR sont divisés entre deux positions. Ils se demandent comment aborder les débats sur les retraites et l'immigration. Guillaume Kasbarian souligne l'importance de se positionner sur ces sujets. En ce qui concerne l'immigration, la réintroduction des mesures de la dernière loi soutenue par LR mais rejetée par le Conseil constitutionnel est un sujet sensible pour les macronistes. Cette proposition est défendue à la fois par LR et par le RN.

De nombreux députés à Rosny-sur-Seine ont exprimé leur soutien à Michel Barnier et se sentent libres de le faire. Cependant, ils sont conscients que l'échec de son gouvernement aurait des conséquences graves en raison de la division de l'électorat. Ils sont déterminés à ce que le gouvernement Barnier réussisse, car ils craignent d'être blâmés s'ils sont perçus comme étant à l'origine des blocages. C'est ce qu'a souligné Sylvain Maillard, ancien président du groupe Renaissance et député de Paris.

Grégoire Poussielgue était en mission à Rosny-sur-Seine dans les Yvelines.

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