En choisissant Michel Barnier comme Premier ministre, Emmanuel Macron semble opter pour une orientation politique plus à droite afin de trouver une solution à la crise actuelle. La gauche a critiqué cette nomination en la qualifiant de « vol » des résultats des élections législatives de l'été. Le Rassemblement National refuse pour le moment de voter une motion de censure.

Écrit par Grégoire POUSSIELGUE

Emmanuel Macron est beaucoup plus jeune que Michel Barnier, âgé de 73 ans, qui a commencé sa carrière politique bien avant la naissance de Macron en 1977. Malgré cela, Macron a décidé de nommer Barnier comme successeur de Gabriel Attal à Matignon, après des consultations mouvementées à l'Elysée suite aux élections législatives. Barnier a une longue carrière politique, ayant été député, sénateur, président de conseil général, ministre et commissaire européen à deux reprises.

Après avoir nommé le plus jeune Premier ministre, Gabriel Attal, Emmanuel Macron a maintenant nommé le plus âgé. Le nouveau Premier ministre aura besoin de beaucoup d'expérience pour gérer une Assemblée nationale divisée en trois principaux blocs – le Nouveau Front populaire (NFP), le Rassemblement national (RN) et le bloc central – alors qu'il appartient au quatrième bloc, Les Républicains, qui ne compte que 47 députés.

Un nouveau gouvernement sera bientôt formé, et il s'agit d'un gouvernement qui se veut rassembleur, selon l'Elysée. Son premier défi sera de finaliser le budget pour l'année 2025, un processus qui s'annonce déjà difficile au Palais-Bourbon. Michel Barnier, le nouveau Premier ministre, a promis d'apporter des changements et des ruptures, tout en cherchant à répondre aux défis et aux préoccupations des Français. Il s'est engagé à dire la vérité sur la dette financière et écologique.

Le critère principal dans la décision d'Emmanuel Macron a été la nécessité d'avoir un gouvernement stable, ce qui a finalement conduit à un choix par défaut. Malgré l'étude des options de Xavier Bertrand, Bernard Cazeneuve et Thierry Beaudet pendant deux semaines, aucune n'a pu résoudre les problèmes parlementaires.

L'Elysée affirme que le refus du Parti Socialiste de soutenir Bernard Cazeneuve a été crucial dans la décision d'Emmanuel Macron. N'ayant pas la possibilité de s'allier avec la gauche, le Président a été contraint de se tourner vers la droite, selon les sources au sein du Palais. Depuis 2022, des tentatives infructueuses avaient été faites pour former une alliance de gouvernement avec Les Républicains.

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Après la dissolution surprise au lendemain des élections européennes, Emmanuel Macron a enfin réussi à se libérer de la situation difficile dans laquelle il se trouvait. Cependant, sa stabilité politique dépendra désormais de l'attitude du Rassemblement National envers lui, alors qu'il est associé à Michel Barnier.

Le parti de Marine Le Pen et de Jordan Bardella détient actuellement une influence décisive dans la décision d'approuver ou non une motion de censure contre le prochain gouvernement. Pour l'instant, ils ne prévoient pas de déposer une motion de censure immédiatement et refusent de soutenir celle que le NFP compte déposer dès la reprise des travaux parlementaires.

Marine Le Pen et Jordan Bardella maintiennent le suspense concernant la suite des événements. Ils attendent de voir les actions concrètes de la politique générale, les choix budgétaires et les mesures prises par le gouvernement. Ils insistent sur l'importance de résoudre les problèmes urgents des Français tels que le pouvoir d'achat, la sécurité et l'immigration. Ils se réservent le droit d'agir politiquement si ces questions ne sont pas traitées dans les semaines à venir.

En 1982, Michel Barnier s'est opposé à la dépénalisation de l'homosexualité. Sa nomination a été saluée par Laurent Wauquiez, chef des députés de la Droite républicaine, mais n'a pas été bien reçue à gauche. Après avoir remporté les élections législatives mais sans obtenir une majorité, la gauche revendiquait Matignon. Jean-Luc Mélenchon (LFI) a qualifié cela d'une «élection volée», Olivier Faure (PS) a parlé d'une «crise de régime» et d'un «bras d'honneur au front républicain», tandis que Marine Tondelier (Les Ecologistes) a dénoncé un «vrai scandale».

De nombreuses réactions, souvent très indignées, ont été observées alors que des rassemblements sont prévus ce samedi en France pour protester contre les actions autoritaires d'Emmanuel Macron.

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ANALYSE – La gauche se prépare déjà à affronter le gouvernement Barnier, associé à Macron et Le Pen.

« Les électeurs de gauche ont été appelés à bloquer le RN, mais se retrouvent maintenant avec un Premier ministre potentiellement influencé par le RN. Selon la politologue Chloé Morin, le RN aura un pouvoir de veto sur les propositions de Michel Barnier. La position de Michel Barnier, qui s'est opposé à la dépénalisation de l'homosexualité en 1982 et soutient une retraite à 65 ans avant les élections présidentielles de 2022, a provoqué des réactions négatives à gauche. »

On dit dans un ministère que Michel Barnier représente le sens de la responsabilité et une perspective globale. La question qui se pose est de savoir s'il a assez de soutien pour agir. En ce qui concerne l'Europe, Michel Barnier partage la même vision que le président de la République et a prouvé sa capacité à trouver des compromis en tant que commissaire à Bruxelles et lors des discussions sur le Brexit.

La partie gauche du mouvement politique de Macron reste discrète. François Hollande, nouveau député, ne pense pas qu'une alternance se produira avec Michel Barnier. Il estime que Barnier pourrait être encore plus à droite que ce qui a été proposé jusqu'à présent. Barnier, candidat à la primaire de la droite pour l'élection présidentielle de 2022, a pris des positions dures ces dernières années, notamment en proposant un moratoire sur l'immigration. Il se décrit cependant comme un "gaulliste social", il reste donc à voir s'il va recentrer ses positions.

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Au sein de la précédente majorité, les réactions ont été variées. Les membres de l'aile droite se sont réjouis de l'arrivée de Michel Barnier, saluée par Horizons, le parti d'Edouard Philippe. En revanche, l'aile gauche s'est montrée plus réservée. Le parti Renaissance et le RN souhaitent tous les deux évaluer la situation avant de prendre une décision. Le parti Renaissance a prévenu qu'il n'y aurait pas de censure automatique, mais qu'il poserait des exigences strictes sans donner carte blanche.

Après avoir quitté Matignon, Gabriel Attal peut maintenant se concentrer sur son nouveau rôle de président du groupe Ensemble pour la République (EPR, ex-Renaissance) à l'Assemblée nationale. Comme Edouard Philippe, qui vient de se porter candidat à la présidentielle de 2027, il entretient des relations compliquées avec Emmanuel Macron et souhaite retrouver son indépendance. Dans une vidéo diffusée pour marquer son départ de Matignon, Gabriel Attal a exprimé son désir de continuer à tisser des liens avec les Français. Il a affirmé qu'il reprenait sa liberté sur le perron de Matignon.

Le nom de l'auteur est Grégoire Pouss

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