En choisissant Michel Barnier, Emmanuel Macron semble opter pour une orientation politique plus conservatrice afin de trouver une solution à la crise actuelle. La gauche a critiqué la nomination du nouveau Premier ministre par Emmanuel Macron, considérant cela comme un détournement du résultat des élections législatives de cet été. Le Rassemblement National ne prévoit pas de déposer une motion de censure immédiatement.
Écrit par Grégoire POUSSIELGUE
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Quand Michel Barnier a commencé sa carrière politique, Emmanuel Macron n'était même pas encore né. Pendant que Barnier était élu député pour la première fois en 1978, Macron était encore un bébé né à la fin de la même année. Après les élections législatives et des consultations mouvementées à l'Elysée, Macron a choisi Barnier, un homme politique expérimenté avec une longue carrière – député, sénateur, président de conseil général, ministre à plusieurs reprises, et commissaire européen à deux reprises – pour succéder à Gabriel Attal à Matignon.
Après avoir nommé le plus jeune Premier ministre, Gabriel Attal, Emmanuel Macron a désigné le plus vieux. Le nouveau locataire de Matignon devra faire preuve d'expérience pour évoluer au sein d'une Assemblée nationale divisée en trois blocs – le Nouveau Front populaire (NFP), le Rassemblement national (RN) et le bloc central – alors qu'il appartient au quatrième, Les Républicains, qui ne compte que 47 députés.
Un nouveau gouvernement sera bientôt formé, avec pour objectif de rassembler. L'Elysée a annoncé que ce gouvernement devra rapidement se pencher sur la finalisation du budget pour 2025, qui s'annonce déjà comme un sujet de débat houleux au Palais-Bourbon. En prenant ses fonctions à Matignon, Michel Barnier s'est engagé à apporter des changements et des ruptures tout en cherchant à répondre aux défis et aux préoccupations des Français. Il a également promis de faire preuve de transparence concernant la dette financière et écologique.
La principale considération d'Emmanuel Macron pour sa décision a été la solidité du gouvernement, ce qui semble être un choix de dernier recours. Pendant quinze jours, les possibilités de Xavier Bertrand, Bernard Cazeneuve et Thierry Beaudet ont été examinées, mais à chaque fois, il était impossible de trouver une majorité parlementaire.
L'Elysée affirme que le fait que le PS refuse de soutenir Bernard Cazeneuve a eu un impact majeur dans la décision d'Emmanuel Macron. Face à l'impossibilité de s'orienter vers la gauche, le président a dû se tourner vers la droite, selon les défenseurs au sein du Palais. Depuis 2022, des tentatives infructueuses avaient été faites pour former une alliance gouvernementale avec LR.
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Emmanuel Macron a finalement réussi à s'extraire de la situation difficile causée par la dissolution surprise après les élections européennes. Cependant, sa stabilité politique dépendra de la manière dont le Rassemblement National réagira à sa politique, puisque Michel Barnier est désigné comme un facteur clé dans la durée de son mandat à Matignon.
Le parti dirigé par Marine Le Pen et Jordan Bardella détient un pouvoir important dans la décision d'adopter une motion de censure contre le prochain gouvernement. Pour le moment, ils ne prévoient pas de déposer immédiatement une motion de censure et ils refusent de voter en faveur de celle qui sera proposée par le NFP dès la reprise des travaux parlementaires.
Marine Le Pen et Jordan Bardella maintiennent le suspense quant à la suite des événements. Ils affirment qu'ils évalueront les actions du gouvernement en fonction de son discours sur la politique générale, ses décisions budgétaires et ses actions. Ils insistent sur l'importance de répondre aux principales préoccupations des Français telles que le pouvoir d'achat, la sécurité et l'immigration. Ils se réservent le droit d'agir politiquement si ces enjeux ne sont pas traités dans les semaines à venir.
En 1982, s'opposant à la dépénalisation de l'homosexualité
La nomination de Michel Barnier a été appréciée par Laurent Wauquiez, chef des députés de la Droite républicaine, mais a été critiquée à gauche. Après avoir remporté les élections législatives sans obtenir de majorité, la gauche réclamait la nomination à Matignon. Jean-Luc Mélenchon (LFI) a dénoncé une « élection truquée », Olivier Faure (PS) a parlé d'une « crise de régime » et d'un manque de respect envers le front républicain, tandis que Marine Tondelier (Les Ecologistes) a qualifié cela de « véritable scandale ».
De nombreuses réactions, souvent indignées, se sont propagées suite à l'annonce de manifestations prévues en France ce samedi pour protester contre les actions jugées autoritaires d'Emmanuel Macron.
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Les partisans de la gauche ont été appelés à bloquer le RN, mais finalement ils se retrouvent avec un Premier ministre qui sera très influencé par le RN. Selon la politologue Chloé Morin, le RN aura un pouvoir de veto sur les propositions de Michel Barnier. La personnalité de Michel Barnier, qui s'est opposé à la dépénalisation de l'homosexualité en 1982 et qui est en faveur d'une retraite à 65 ans avant les élections présidentielles de 2022, a suscité de vives réactions à gauche.
Dans un ministère, on commente que Michel Barnier représente également le sens de la responsabilité et une perspective globale. La question principale reste cependant de savoir quel soutien il pourra obtenir. En ce qui concerne l'Europe, Michel Barnier partage la même vision que le président de la République et a démontré sa capacité à trouver des compromis en tant que commissaire à Bruxelles et lors des négociations sur le Brexit.
La branche gauche de la Macronie discrète
François Hollande, récemment élu député, a réagi en exprimant que l'alternance avec Michel Barnier n'était pas une option. Il semble que la direction proposée par Barnier soit encore plus à droite que ce qui a été suggéré jusqu'à présent. Contrairement à Xavier Bertrand, qui incarne une "droite sociale", et à Bernard Cazeneuve, qui incarne la gauche, Michel Barnier a adopté une position plus dure ces dernières années. En tant que candidat à la primaire de la droite pour les élections présidentielles de 2022 (et éliminé au premier tour), il a soutenu plusieurs mesures qui rappellent celles du RN, telles qu'un moratoire sur l'immigration. Il reste à voir s'il va changer de cap, lui qui se décrit comme un "gaulliste social".
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Au sein de la majorité sortante, les avis ont été variés. Les membres de la droite de la précédente majorité ont exprimé leur satisfaction face à l'arrivée de Michel Barnier, saluée par Horizons, le parti d'Edouard Philippe. En revanche, les membres de la gauche ont été plus réservés. Le parti Renaissance, tout comme le RN, souhaite évaluer la situation avant de prendre position. Il a précisé qu'il n'y aurait pas de censure automatique, mais qu'ils demanderaient des explications approfondies sans accorder de blanc-seing, comme indiqué dans un bref communiqué.
Après avoir quitté ses fonctions à Matignon, Gabriel Attal se concentrera désormais sur son rôle de président du groupe Ensemble pour la République (EPR, ex-Renaissance) à l'Assemblée nationale. Comme Edouard Philippe, qui vient de se déclarer candidat à la présidentielle de 2027, il entretient actuellement des relations difficiles avec Emmanuel Macron. Il souhaite plus que jamais retrouver son indépendance et maintenir le lien avec les Français, comme il l'a souligné dans une courte vidéo diffusée pour marquer son départ de Matignon. Sur le perron de Matignon, il a affirmé qu'il reprenait sa liberté.
Grégoire Poussielgue
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