En choisissant Michel Barnier comme Premier ministre, Emmanuel Macron semble opter pour une orientation politique plus conservatrice afin de trouver des solutions à la crise actuelle. La nomination de ce dernier a été critiquée par la gauche, qui y voit une remise en question des résultats des élections législatives de cet été. Le Rassemblement National a exclu pour le moment de voter une motion de censure.
Écrit par Grégoire POUSSIELGUE
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Emmanuel Macron était encore un bébé lorsque Michel Barnier a commencé sa carrière politique à l'âge de 73 ans. Aujourd'hui, après les élections législatives et des consultations intenses à l'Elysée, Macron a choisi un homme d'expérience pour succéder à Gabriel Attal à Matignon. Michel Barnier a une longue carrière politique, ayant été député, sénateur, président de conseil général, ministre et commissaire européen à deux reprises.
Après avoir nommé le plus jeune Premier ministre avec Gabriel Attal, Emmanuel Macron a maintenant choisi le plus âgé. Le nouveau locataire de Matignon devra faire preuve d'une grande expérience pour gérer une Assemblée nationale divisée en trois blocs – le Nouveau Front populaire (NFP), le Rassemblement national (RN) et le bloc central – alors qu'il fait partie du quatrième bloc, Les Républicains, qui ne compte que 47 députés.
Un nouveau gouvernement arrive bientôt, et il est annoncé comme un gouvernement qui cherche à rassembler. Selon l'Elysée, ce gouvernement devra rapidement s'attaquer à des tâches importantes, notamment la finalisation du budget pour 2025, qui promet d'être un débat mouvementé à l'Assemblée nationale. Michel Barnier, le nouveau Premier ministre, a promis des changements significatifs et de répondre aux défis et aux préoccupations des Français. Il s'engage également à être transparent sur la dette financière et écologique.
Le critère le plus important dans la décision d'Emmanuel Macron a été la stabilité du gouvernement, ce qui a finalement conduit à un choix par défaut. Malgré l'examen des options comme Xavier Bertrand, Bernard Cazeneuve et Thierry Beaudet pendant deux semaines, il est apparu à chaque fois que la majorité parlementaire était difficile à obtenir.
L'Elysée affirme que le refus du Parti Socialiste de soutenir Bernard Cazeneuve a joué un rôle décisif dans la décision d'Emmanuel Macron. Incapable de trouver un accord avec la gauche, le président a donc été contraint de se tourner vers la droite. Malgré des tentatives infructueuses depuis 2022, aucune alliance de gouvernement n'a pu être formée avec Les Républicains.
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Emmanuel Macron a finalement réussi à se sortir de la situation difficile dans laquelle il s'était retrouvé après avoir annoncé la dissolution surprise au lendemain des élections européennes. Cependant, sa stabilité politique dépend maintenant en grande partie de Michel Barnier, ce qui pose un risque car personne ne sait combien de temps cette situation va durer. Son maintien à Matignon sera conditionné par l'attitude du Rassemblement National à son égard.
Le parti dirigé par Marine Le Pen et Jordan Bardella joue un rôle important dans la possibilité de faire passer une motion de censure contre le gouvernement à venir. Pour l'instant, ils ne prévoient pas de déposer immédiatement une motion de censure et ne soutiendront pas celle que le NFP pourrait déposer lorsque les travaux parlementaires reprendront.
Marine Le Pen et Jordan Bardella maintiennent le suspense quant à la suite des événements. Ils affirment qu'ils jugeront les actions du gouvernement en fonction de ses décisions en matière de politique générale, de budget et d'actions concrètes. Ils mettent en avant les préoccupations majeures des Français telles que le pouvoir d'achat, la sécurité et l'immigration, et se réservent le droit d'agir politiquement si ces problématiques ne sont pas traitées dans les semaines à venir, selon le président Jordan Bardella.
En 1982, il y a eu un désaccord sur la dépénalisation de l'homosexualité. La nomination de Michel Barnier a été appréciée par Laurent Wauquiez, chef des députés de la Droite républicaine, mais a été critiquée par la gauche, qui revendiquait Matignon malgré sa première place aux élections législatives, loin de la majorité. Jean-Luc Mélenchon (LFI) a qualifié cela d'« élection volée », Olivier Faure (PS) a parlé d'une « crise de régime » et d'un « défi au front républicain », et Marine Tondelier (Les Ecologistes) a dénoncé un « vrai scandale ».
De nombreuses réactions indignées ont été exprimées suite à l'annonce de manifestations prévues en France ce samedi pour protester contre les actions jugées autoritaires d'Emmanuel Macron.
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ANALYSE – La gauche se prépare déjà à affronter le gouvernement Barnier, qui serait dirigé par Macron et Le Pen.
Les personnes de gauche ont été appelées à s'opposer au RN, mais se retrouvent maintenant avec un Premier ministre qui sera fortement influencé par le RN. Selon la politologue Chloé Morin, le RN aura un pouvoir de veto sur les propositions de Michel Barnier. La personnalité de Michel Barnier, qui s'est opposé à la dépénalisation de l'homosexualité en 1982 et soutient une retraite à 65 ans avant les élections présidentielles de 2022, a suscité de vives réactions à gauche.
Michel Barnier est également reconnu pour son sens des responsabilités et sa perspective globale. Cependant, certains se demandent combien de soutien il pourra réellement mobiliser. En ce qui concerne l'Union européenne, Michel Barnier partage une sensibilité similaire à celle du président de la République et a démontré sa capacité à trouver des compromis en tant que commissaire à Bruxelles et lors de la gestion des discussions sur le Brexit.
La gauche de la Macronie se fait discrète
François Hollande, élu député en juillet dernier, a réagi en affirmant que l'alternance avec Michel Barnier n'est pas envisageable. Il estime que Barnier pourrait proposer des mesures encore plus à droite que ce qui a été suggéré jusqu'à présent. Michel Barnier, qui s'est positionné sur une ligne politique dure ces dernières années, était candidat à la primaire de la droite pour l'élection présidentielle de 2022. Malgré son élimination au premier tour, il avait proposé des mesures concernant l'immigration qui pourraient être soutenues par le RN. Il reste à voir s'il va recentrer ses positions, lui qui se décrit comme un "gaulliste social".
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FOCUS – Michel Barnier avait avancé des propositions concernant les retraites, les impôts et l'emploi lors des primaires de LR en 2021.
Au sein de la majorité actuelle, les réactions ont été variées. Les membres de l'aile droite ont exprimé leur satisfaction quant à l'arrivée de Michel Barnier, saluée par Horizons, le parti d'Edouard Philippe. En revanche, l'aile gauche s'est montrée plus réservée. Le parti Renaissance, tout comme le RN, souhaite évaluer la situation avant de prendre une décision. Dans un court communiqué, il a prévenu qu'il n'y aurait pas de censure automatique, mais qu'il avait des attentes précises et ne donnerait pas carte blanche.
Après son départ de Matignon, Gabriel Attal va maintenant se concentrer sur son nouveau rôle de président du groupe Ensemble pour la République (EPR, anciennement Renaissance) à l'Assemblée nationale. Comme Edouard Philippe, qui vient de se porter candidat à la présidentielle de 2027, il entretient des relations compliquées avec Emmanuel Macron et souhaite retrouver son indépendance. Il a exprimé son intention de rester proche des Français dans une vidéo diffusée pour annoncer son départ de Matignon. Il a affirmé sa décision de retrouver sa liberté sur le perron de Matignon.
Grégoire Poussielgue
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