Crise politique inédite en France : retour sur les temps forts du choix du nouveau Premier ministre

0
7

Le parcours marquant d'une crise sans précédent du nouveau Premier ministre, par Valérie MAZUIR.

Emmanuel Macron n'a pas encore choisi qui remplacera Gabriel Attal, qui assure l'intérim du gouvernement depuis le 16 juillet. Aucune option ne semble clairement se démarquer suite à la dissolution inattendue et aux résultats des élections législatives. Revenons sur les moments marquants de cette crise politique sans précédent.

Emmanuel Macron n'a pas encore choisi qui remplacera Gabriel Attal, qui dirige le gouvernement par intérim depuis le 16 juillet. Cela se passe dans un pays où les opinions sont très différentes. Il est urgent de présenter le budget de l'Etat pour 2025 avant le 1er octobre.

Aucun des plans actuellement envisagés pour former un gouvernement n'est clairement préféré après la dissolution inattendue de l'Assemblée nationale et les résultats des élections législatives. Bien que l'alliance de gauche soit en tête, aucun bloc politique n'a la majorité absolue. Le camp du président, la droite et même l'extrême droite, partagent la même opinion : un gouvernement de gauche incluant des ministres de La France insoumise entraînerait une crise et serait rapidement renversé.

Revivez les moments clés de cette crise sans précédent, en consultant les analyses détaillées des articles des « Echos ».

· Annonce inattendue après les élections européennes :

Emmanuel Macron s'est exprimé à la télévision suite aux résultats des élections européennes.

Contre toute attente, après la défaite de son parti aux élections européennes, Emmanuel Macron décide le 9 juin 2024 de mettre fin à l'Assemblée nationale et de programmer des élections législatives anticipées dans trois semaines. C'est une décision risquée et incertaine.

Consultez également :

GUIDE – Élections européennes de 2024 : les points clés à retenir

· Élections législatives : de grands changements mais aucune majorité

Pendant le second tour des élections législatives anticipées. Photo de Jean-Francois Badias/Ap/SIPA.

Les partis politiques de gauche (La France Insoumise, Parti Socialiste, Les Ecologistes et Parti Communiste Français), qui avaient eu des désaccords lors des élections européennes, se réconcilient rapidement et décident de former une alliance pour les prochaines élections sous le nom d'un Nouveau Front populaire.

Lors du premier tour le 30 juin, le Rassemblement National a connu un certain succès, mais la montée annoncée de l'extrême droite n'a pas eu lieu. Le front républicain a joué un rôle important, tant par les désistements entre les deux tours que par les consignes de vote visant à faire barrage au RN. Un retournement de situation a eu lieu le 7 juillet, avec la victoire du Nouveau Front Populaire devant le parti présidentiel et le RN.

Cependant, aucune des forces en présence ne dispose de la majorité absolue de 289 sièges, ce qui signifie qu'aucune d'entre elles ne peut gouverner seule. C'est la première fois sous la Ve République qu'une nouvelle Assemblée est composée de trois blocs principaux.

Découvrez également :

ANALYSE – Résultats du second tour des élections législatives de 2024 à retenir

· Un gouvernement qui a présenté sa démission

Gabriel Attal, après le second tour des élections législatives. Gabrielle Cezard/SIPA

Après avoir obtenu la deuxième place lors des élections, le Premier ministre Gabriel Attal remet sa démission à Emmanuel Macron le lendemain du second tour, comme le veut la tradition. Cependant, le président refuse sa démission et décide de maintenir le gouvernement en place "pour le moment" afin de garantir la stabilité du pays, selon l'Elysée.

Le 10 juillet, le président de la République a publié une lettre dans la presse régionale adressée aux Français, dans laquelle il appelle les partis politiques du champ républicain (à l'exception de LFI et du RN) à trouver un accord pour former une nouvelle majorité. Il leur accorde un délai pour leurs négociations. Cependant, cette proposition de solution à la crise politique a été rejetée immédiatement par les principaux partis politiques.

Également à lire:

ANALYSE – Le président Emmanuel Macron prend son temps en demandant la construction d'une "majorité diversifiée" avec le nouveau gouvernement.

ANALYSE – Malgré de nombreuses discussions et négociations, la situation politique reste bloquée et ne semble pas évoluer.

Emmanuel Macron a attendu le 16 juillet pour accepter la démission du gouvernement, qui restera cependant en fonction pour gérer les affaires courantes pendant un certain temps. Cette décision a été prise afin de permettre aux 18 ministres élus députés de siéger à l'Assemblée nationale pour le début de la XVIIe législature et ainsi participer aux votes pour les postes importants au Palais-Bourbon.

Consultez également :

ANALYSE – Gabriel Attal prêt pour sa nouvelle expérience à l'Assemblée nationale

· L'assemblée est très agitée pour le début de la nouvelle session parlementaire

Yaël Braun-Pivet, lors de son discours après avoir été réélue.

Le début d'une nouvelle période législative est marqué par deux moments importants : la désignation des positions clés à l'Assemblée nationale et la formation des divers groupes politiques.

Le 18 juillet, lors d'une séance parlementaire animée, Yaël Braun-Pivet a été reconduite à la présidence de l'Assemblée pour un nouveau mandat, mais de justesse, au troisième tour et avec une majorité relative. Elle a obtenu 220 voix, seulement 13 de plus que son rival, le communiste André Chassaigne. Elle a bénéficié du soutien de son parti ainsi que de certains députés LR. Cependant, la gauche et le RN ont critiqué ce résultat en parlant de "magouilles" et de "combines".

Découvrez également :

ANALYSE – Braun-Pivet : la campagne électorale manque de transparence

ANALYSE – Coalition politique : la droite présente ses idées mais refuse de prendre les commandes du gouvernement

Eric Coquerel, membre de La France Insoumise, a été reconduit à la tête de la commission des Finances malgré la concurrence de la droite.

Cependant, le plan de la majorité présente quelques problèmes pour les nominations suivantes. De manière inattendue, le NFP devient majoritaire au sein du bureau, qui est l'organe exécutif le plus élevé de l'Assemblée, en remportant 12 des 22 postes. Eric Coquerel (LFI) est réélu à la présidence de la commission des Finances, réservée à l'opposition et convoitée par la droite. Une autre surprise est que Charles de Courson (LIOT) remporte de justesse le poste stratégique de rapporteur général du Budget de l'Etat.

Conséquence : le parti du président perd le contrôle des postes clés liés au Budget de l'Etat. Le parti d'opposition, le RN, ne reçoit aucun poste. Cependant, en se retirant ou en restant en place, en fonction des circonstances, il a agi en tant qu'arbitre.

L'article relate l'atmosphère tendue au sein du bureau de l'Assemblée, où la gauche majoritaire était en conflit avec le RN qui n'a pas réussi à imposer ses idées.

HISTOIRE – Les commissions à l'Assemblée nationale sont majoritairement attribuées au camp Macron, cependant le député insoumis Coquerel conserve la responsabilité des finances.

Les 577 députés ont également décidé dans quels groupes politiques ils souhaitent être affectés. Il y a finalement 11 groupes à l'Assemblée, un nombre record, dont 8 sont considérés comme étant dans l'opposition.

Les quatre partis de gauche du NFP forment le principal groupe politique avec 193 députés. Malgré la perte de nombreux élus, le camp présidentiel ne s'est pas effondré : les trois groupes Ensemble pour la République (anciennement Renaissance), dirigé par Gabriel Attal, Modem et Horizons totalisent 166 élus. Le RN continue de progresser avec 126 membres et soutient les 16 députés du groupe A Droite dirigé par Eric Ciotti. Bien qu'il ait perdu une quinzaine de députés, le groupe LR rebaptisé La Droite républicaine sous la présidence de Laurent Wauquiez, reste au cœur du jeu politique avec ses 47 élus.

Par ailleurs:

ARTICLE – Les informations essentielles sur la récente Assemblée nationale.

· Lucie Castets, une personne peu connue que le NFP souhaite nommer à Matignon

Emmanuel Macron, le 23 juillet, lors de son interview sur France Télévisions et Radio France, a été questionné sur la décision du NFP de choisir Lucie Castets pour Matignon.

Le 23 juillet, après plus de quinze jours de conflits, de changements soudains et de tensions autour du choix du Premier ministre (le candidat Huguette Bello du PS a été rejeté, tout comme celui de Laurence Tubiana de LFI), et alors que les discussions semblaient être dans une impasse, le Nouveau Front populaire annonce sa proposition de nommer Lucie Castets, une haut fonctionnaire militante pour la défense des services publics, comme Première ministre.

Une surprise soigneusement planifiée, juste avant une interview d'Emmanuel Macron.

Emmanuel Macron admet que la majorité au pouvoir a perdu les élections législatives. Il affirme que rien ne changera au niveau gouvernemental jusqu'à la fin des Jeux Olympiques, afin de maintenir la "stabilité". Selon lui, il serait préférable d'attendre mi-août avant d'apporter des changements pour éviter toute perturbation. Il espère que cette période de calme permettra à la tension politique de retomber, incitant ainsi les différentes parties à entamer des discussions.

Il refuse la proposition de la gauche de nommer Lucie Castest comme Premier ministre, en expliquant que le plus important n'est pas le nom mais la composition de la majorité. Il annonce qu'il nommera quelqu'un d'autre à la mi-août.

· Malgré une pause dans les activités politiques et sportives, aucune avancée significative n'a été enregistrée.

En août, Bernard Cazeneuve, Lucie Castets, Karim Bouamrane, Valérie Pécresse et Xavier Bertrand sont souvent mentionnés comme étant des candidats potentiels pour devenir Premier ministre.

Après la fin des Jeux olympiques, la politique reprend rapidement sa place, avec le même constat d'impasse qu'en juillet. Emmanuel Macron continue ses consultations depuis Brégançon. Le choix du successeur de Gabriel Attal à Matignon est un véritable casse-tête. Les noms de Xavier Bertrand, ancien ministre sous Nicolas Sarkozy et président de la région Hauts-de-France, ainsi que de Bernard Cazeneuve, dernier Premier ministre de François Hollande, sont fortement évoqués.

Découvrez également :

ANALYSE – Les diverses personnes susceptibles de remplacer Attal à la tête du gouvernement

La France insoumise envisage de mettre en place une procédure de destitution si Emmanuel Macron persiste à ne pas nommer Lucie Castets. Cependant, cette procédure est peu susceptible d'aboutir en raison de la majorité de droite et du centre à l'Assemblée nationale et au Sénat.

Découvrez également :

ANALYSE – Plongée dans l'univers politique du métavers.

Les réunions de consultation à l'Elysée ont lieu, mais ne sont pas autorisées à Castets. Les dirigeants des partis politiques, les présidents des groupes parlementaires de l'Assemblée nationale et du Sénat du Nouveau Front populaire, ainsi que leur candidate pour Matignon, Lucie Castets, se rendent à l'Elysée.

Environ deux mois après le second tour des élections législatives, Emmanuel Macron commence le 23 août à rencontrer les différents partis politiques pour former une majorité solide et large à l'Assemblée nationale.

Après ces discussions, il refuse clairement de former un gouvernement du NFP en raison de la nécessité de maintenir la stabilité institutionnelle, comme indiqué dans un communiqué. Les principaux partis politiques, y compris le camp Macron et ses alliés, la droite et l'extrême droite, ont tous exprimé la même position au président : un gouvernement du NFP, qu'il inclue ou non des ministres de la LFI, serait renversé immédiatement.

Ce refus est considéré comme une action autoritaire par LFI, qui, en collaboration avec plusieurs syndicats lycéens et étudiants, organise une "grande manifestation" à Paris le 7 septembre.

Consultez également:

ANALYSE – Quelles sont les raisons derrière le choix de Cazeneuve plutôt que de Castets ?

Pendant sa visite en Serbie, Emmanuel Macron a été photographié par Nicolas Messyasz.

Avant de se rendre en Serbie pour un voyage de deux jours, Emmanuel Macron organise des consultations élargies avec des personnes ayant une expérience dans le service public, y compris plusieurs élus locaux. La droite critique cette démarche et demande au président de faire un choix rapidement.

Lors d'une réunion avec les médias à Belgrade, le président a déclaré qu'il communiquerait avec les citoyens français "au moment opportun", affirmant qu'il faisait tout son possible pour trouver la meilleure solution pour le pays. Cependant, il n'a pas précisé quand il prendrait sa décision concernant le choix très attendu du Premier ministre.

D'après une enquête Elabe, 55% des Français considèrent que le fait que les discussions à l'Elysée n'aient pas abouti à la nomination d'un Premier ministre est une source de préoccupation. Ce pourcentage a augmenté de 5 points en un mois.

A lire également :

ANALYSE – Le nouveau gouvernement : le Rassemblement National se positionne comme un obstacle contre la gauche

ANALYSE – Macron est confronté à des demandes pour choisir rapidement un Premier ministre.

ANALYSE – Exploration d'une cohabitation moderne

Valérie Mazuir

Profitez de l'offre Premium Entreprises gratuitement en faisant un essai !

Nos vidéos

Qui remporte vraiment dans les paris sportifs en ligne ?

Les pays du Club Med comme le Portugal, l'Espagne et la Grèce prennent leur revanche.

Les jeunes ont-ils des difficultés avec le travail ?

Est-ce que la concurrence dans le secteur ferroviaire peut faire baisser les prix des billets de train ?

Les articles les plus consultés

La gauche en position dominante aux élections municipales de 2026 à Lyon

Le flou persiste à Paris pour les élections municipales de 2026

Le Rassemblement National se positionne comme un rempart face à la gauche dans le nouveau gouvernement

En vedette

Les acteurs économiques seront attentifs au programme du prochain gouvernement

Changements à partir du 1er septembre 2024 : pensions de retraite, bourses scolaires, restrictions pour les SUV à Paris

Raffaele Fitto sera le prochain commissaire italien à l'Union européenne

Les derniers sujets en cours

Les moments marquants de la crise sans précédent du nouveau Premier ministre

Les enjeux des territoires nucléaires

La reconversion des anciennes stars du sport

Informations pratiques

P

L'Assemblée

Tous les droits sont réservés par Les Echos 2024.