Deux mois après les troubles en Nouvelle-Calédonie, l'Etat continue ses efforts pour stabiliser l'économie de l'archipel. Face à la crise économique qui menace, le ministère des Finances a annoncé des mesures d'aide d'urgence pour maintenir les services publics et réparer les infrastructures endommagées. La ministre des Outre-mer, Marie Guévenoux, se rendra sur place cette semaine pour évaluer la situation.
Écrit par Ulysse Legavre-Jérôme
Après la crise politique en France et les Jeux Olympiques, la crise en Nouvelle-Calédonie est maintenant ignorée. Malgré cela, l'économie de l'archipel est toujours en mauvais état et la situation sécuritaire reste préoccupante. Les violences qui ont commencé en mai ont causé la destruction de plus de 700 entreprises et ont entraîné le chômage ou le chômage partiel pour un quart des salariés, avec des coûts estimés à au moins 2,2 milliards d'euros par le gouvernement calédonien.
Comme un rappel brutal, la direction de l'usine de nickel KNS, l'une des trois principales de Nouvelle-Calédonie, a annoncé la semaine dernière la mise à pied de ses 1 200 employés. C'est une situation catastrophique pour la province Nord, dont l'économie et le bien-être social dépendent en grande partie de cette usine. Cette décision risque d'aggraver les tensions déjà présentes, alors que la violence persiste dans la région. Récemment, un homme a été tué lors d'un affrontement avec les forces de l'ordre, portant à dix le nombre de décès liés aux violences, dont deux gendarmes.
Dans un territoire déjà endetté, le ministère de l'Economie a annoncé lundi une partie du soutien financier déjà promis début juillet par le Haut-commissariat de la République en Nouvelle-Calédonie. Ce dernier avait mentionné plus de 250 millions d'euros alloués pour faire face à la crise (hors nickel). Un mois plus tard, le montant total est passé à 300 millions d'euros, avec l'ajout d'un nouveau prêt de 50 millions d'euros de la part de la Banque des territoires destiné à financer la reconstruction des infrastructures de l'île.
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D'après Bercy, une avance de 100 millions d'euros a déjà été versée au gouvernement de la Nouvelle-Calédonie pour garantir la continuité des services publics, en raison des difficultés financières causées par la crise économique. Le gouvernement calédonien estime une perte de recettes fiscales d'environ 271 millions d'euros, ce qui représente près de 17% des revenus fiscaux annuels de la collectivité.
En détail, Enercal, le gestionnaire du système électrique en Nouvelle-Calédonie, a déjà reçu 14,2 millions d'euros pour assurer la fourniture d'électricité dans les mois à venir. Une partie importante de ces avances remboursables ira également à la Cafat, l'organisme de sécurité sociale local, qui ne peut plus supporter seule le paiement des allocations chômage en augmentation, ainsi qu'à la Caisse locale des retraites. Ces aides se présentent cependant principalement sous forme de prêts, pour un territoire déjà endetté.
Un accord sur le nickel en stand-by
En plus de cela, l'Etat a récemment renforcé et prolongé le fonds de solidarité pour les entreprises afin de compenser une partie de leurs pertes de chiffre d'affaires, pour un montant total qui pourrait atteindre les 20 millions d'euros. Le financement du dispositif d'activité partielle est partagé avec le gouvernement calédonien et devrait coûter environ 51 millions d'euros. Des prêts de 500 000 euros sont également disponibles pour les grandes entreprises.
Même pendant la gestion des tâches quotidiennes, les ministères de l'Economie et des Outre-mer restent attentifs aux régions ultramarines. Bruno Le Maire a récemment rencontré virtuellement les acteurs économiques de la Nouvelle-Calédonie pour leur réaffirmer le soutien de l'Etat. De son côté, la ministre des Outre-mer, Marie Guévenoux, se rendra cette semaine sur l'archipel, après un bref passage en Polynésie française pour représenter le gouvernement lors de l'épreuve de surf des JO à Teahupoo.
En plus de la réponse d'urgence, le ministère des Finances se montre également très préoccupé par un autre problème préexistant aux émeutes : la filière nickel est à l'arrêt et en danger de faillite. Près d'un quart des emplois en Nouvelle-Calédonie dépendent de ce minerai. Cependant, le plan de sauvetage de la filière dévoilé en mars dernier par Bruno Le Maire, nommé le "pacte nickel", n'a pas convaincu les élus locaux. Actuellement bloquées, les discussions doivent reprendre pour sauver les deux autres usines menacées de fermeture, en raison de la concurrence indonésienne, des coûts élevés de l'énergie dans le Pacifique et de la baisse des prix du métal.
Le nom de cet individu est Ulysse Legavre-Jérôme
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