Le Parti socialiste se distancie de La France insoumise suite à l'attaque du Hamas, mais reste membre de la Nupes. Les désaccords concernant le discours à adopter vis-à-vis du Hamas continuent de diviser la gauche. Le refus de La France insoumise de condamner clairement le terrorisme crée des tensions au sein de la Nupes, qui est déjà affaiblie.
Par Paul Turban
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C'était comme revivre une journée sans fin. Pendant un moment, on a pensé que mardi serait le jour de la fin pour la coalition, qui s'est éclatée en raison des désaccords sur l'évaluation des actes répréhensibles commis par le Hamas en Israël. Et pourtant, la coalition, plus vulnérable que jamais, survit. Malgré une augmentation des tensions, aucun des partis de gauche n'a quitté la coalition.
Jean-Luc Mélenchon et les Insoumis se retrouvent de plus en plus isolés, mais ils continuent de faire front uni. Ils dénoncent, en accord avec la gauche en général, le siège imposé par Israël sur la bande de Gaza. Ils insistent sur le fait de qualifier les actions du Hamas en Israël de "crimes de guerre" plutôt que d'actes terroristes, et ils les comparent à la politique de colonisation du gouvernement de Benyamin Netanyahou.
Pendant les débats au Palais-Bourbon cet après-midi, Mathilde Panot a légèrement modifié son discours en qualifiant les actions du Hamas de "actes de terreur". Ses collègues, Clémentine Autain et Alexis Corbière, qui ont récemment exprimé leurs différences en parlant d'attaques terroristes, ont d'ailleurs applaudi son discours.
La division a été clairement exposée au grand jour, mais une séquence en particulier a provoqué une vive réaction à midi. Lorsqu'on lui a demandé de définir le Hamas, un groupe islamiste qui contrôle la bande de Gaza et qui est reconnu comme une organisation terroriste par de nombreux pays, y compris l'Union européenne, Mathilde Panot, la cheffe des députés Insoumis, l'a simplement décrit comme une "branche armée responsable de crimes de guerre".
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Cette situation a suscité une forte réaction de la part des membres du parti socialiste. Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste, a qualifié cela d'"inacceptable" sur X (anciennement Twitter). Jérôme Guedj, député socialiste et fervent défenseur de la Nupes, a également exprimé son accord sur ce même réseau social en déclarant que "LFI légitime le Hamas et ses méthodes d'action, et choisit délibérément de s'isoler".
C'est inadmissible. Le Hamas est considéré comme une organisation terroriste, et non pas comme l'armée officielle de la Palestine. Leurs actions doivent être condamnées, tout comme leur projet politique qui ne vise pas la paix et la solution à deux États, mais plutôt la destruction de l'État d'Israël. https://t.co/6e5EgnR9ai
Les critiques de la coalition ont saisi l'occasion. "Le Parti socialiste, ainsi que toute la gauche, ne peuvent plus, ne doivent plus travailler avec des personnes incapables de reconnaître ou de condamner le terrorisme", a répondu le maire socialiste de Rouen, Nicolas Mayer-Rossignol. Dans une interview accordée au Parisien, la maire de Paris, Anne Hidalgo, a appelé à mettre fin à l'alliance avec Jean-Luc Mélenchon et a qualifié la situation de "très grave", en attaquant directement Olivier Faure, qu'elle accuse de manquer de "courage".
Les membres du Parti socialiste ont officiellement annoncé qu'ils se distancient de LFI. Lors d'une réunion de groupe, le PS a décidé de suspendre sa participation au groupe de travail Nupes sur le contre-budget. Manuel Bompard, le chef de LFI, a critiqué cette décision en la qualifiant de "reniement inacceptable".
Quelles solutions pourraient sauver la Nupes ?
Malgré les tensions qui sont à leur comble, aucun responsable n'a évoqué la possibilité d'un départ définitif des Nupes ou d'une rupture avec les Insoumis. Boris Vallaud, président du groupe PS à l'Assemblée, a toutefois souligné que la Nupes ne serait pas dissoute. Cependant, cette situation doit inciter la Nupes à adopter un fonctionnement différent, en accordant une attention particulière aux sujets qui nécessitent un dialogue interne avant de s'exprimer publiquement les uns contre les autres.
De son côté, Olivier Faure a souligné un autre problème, à savoir l'influence de Jean-Luc Mélenchon et de ses prises de position. Il a exprimé son regret quant au fait que Mélenchon, tout en étant derrière la direction officielle de LFI avec laquelle ils ont des discussions quotidiennes, intervienne également par le biais de tweets, de messages interposés et de meetings. Faure a appelé LFI à abandonner une mentalité de confrontation en affirmant que lorsqu'une faute politique est commise, il est préférable de la reconnaître plutôt que de chercher à discréditer les autres.
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