Substances polluantes persistantes : quatre interrogations concernant les PFAS, auxquelles nous sommes tous confrontés

Les produits chimiques fluorés sont utilisés depuis longtemps dans l'industrie et se retrouvent dans nos aliments, l'eau potable et même dans nos corps dès la naissance. Malgré cela, ils ont des effets nocifs sur notre santé, au point qu'ils pourraient être prochainement interdits.

Écrit par Joséphine Boone

Est-ce que la loi va établir des limites à la production de polluants persistants ? C'est ce que souhaite le député écologiste de Gironde, Nicolas Thierry, avec sa proposition de loi pour restreindre l'utilisation des PFAS. Cette proposition est présentée aujourd'hui à l'Assemblée. La majorité présidentielle est hésitante sur le vote de ce texte, alors que de nombreux experts mettent en garde contre les risques de ces produits chimiques dangereux pour la santé humaine. Mais de quoi s'agit-il exactement ? Explications.

1. Quels sont les PFAS ?

Les PFAS, également connus sous le nom de "polluants persistants", sont une famille de composés chimiques artificiels perfluoroalkylés ou polyfluoroalkylés. Ils se composent d'un noyau de carbone et d'atomes de fluor qui sont fortement liés ensemble. Ces substances sont largement utilisées dans l'industrie en raison de leurs propriétés imperméabilisantes, antiadhésives et résistantes à la chaleur.

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Les scientifiques ont déjà répertorié de nombreux composés organofluorés, mais il est estimé qu'il en existe plus de 6 millions. Des études récentes ont révélé la présence généralisée des PFAS dans le monde entier, notamment dans l'eau potable et les aliments. Selon Vincent Fauvelle, chercheur à l'Institut méditerranéen d'océanologie, les PFAS se retrouvent partout, même des années plus tard, dans l'air, l'eau et les océans, même s'ils ont été émis en France.

2. Où peut-on trouver des produits contenant des composés fluorés ?

Les composés fluorés sont présents dans de nombreux produits tels que les ustensiles de cuisine antiadhésifs en Téflon, les emballages alimentaires, les vêtements de sport, les produits cosmétiques, les extincteurs, les vêtements imperméables, les détergents, certains médicaments et prothèses, les revêtements et peintures, et dans l'industrie de la microélectronique. Ces produits font partie de notre quotidien.

Le scientifique rappelle que les travailleurs de l'industrie et les pompiers qui utilisent les mousses d'extinction d'incendie sont particulièrement exposés à ces composés.

3. Peuvent-ils représenter un danger pour les humains ?

Vincent Fauvelle exprime des inquiétudes concernant les effets des PFAS sur les organismes vivants. Ces substances font partie des perturbateurs endocriniens, qui perturbent le système hormonal du corps humain.

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Diverses recherches ont mis en évidence le lien entre les PFAS et l'augmentation du risque de cancer, en particulier celui du rein. Ils sont également associés à une augmentation du taux de cholestérol, à une diminution de la réponse immunitaire et à des retards de croissance chez le fœtus et l'enfant. D'autres effets sur la santé humaine sont mentionnés, tels que la promotion de l'obésité ou de l'infertilité, mais les preuves scientifiques ne sont pas encore suffisantes pour prouver leur lien direct avec l'exposition à ces polluants persistants.

Selon une importante étude réalisée par Santé publique France en 2019, il a été découvert que tous les individus en France ont des résidus de PFAS dans leur circulation sanguine dès la naissance. L'utilisation importante de ces substances chimiques depuis de nombreuses années a entraîné une exposition répandue et importante à ces polluants persistants.

Est-il possible de se débarrasser des PFAS ? Selon Vincent Fauvelle, ces composés de synthèse ont une caractéristique unique : une persistance très durable due à une liaison très solide entre les molécules, ce qui leur confère une longue durée de vie. En d'autres termes, une fois rejetés dans la nature, il est extrêmement difficile de les éliminer et de les voir disparaître. C'est pourquoi on les surnomme les "polluants éternels".

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La décomposition naturelle des micro-organismes n'est pas efficace pour éliminer les PFAS. Leur présence répandue dans les écosystèmes rend impossible leur élimination complète. Il est donc essentiel de réduire les émissions de ces polluants à la source. Bien que des méthodes électrochimiques existent pour traiter les PFAS, elles sont énergivores, coûteuses et difficiles à généraliser. Il est également important de déterminer qui est prêt à financer la dépollution des eaux, des sols et des aliments.

Le nom de Joséphine Boone.

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